« SOUMISSION », de Michel Houellebecq (Flammarion), est un livre de politique-fiction qui a au moins l’avantage de mettre ce genre littéraire sur le devant de la scène. Bien avant sa sortie il y a cinq jours, le jour même des assassinats à « Charlie-Hebdo », le roman, qui a pour thème l’accession d’un islamiste à la présidence de la République française, avait créé la polémique. Rien de nouveau pour l’auteur d’« Extension du domaine de la lutte » (1994), des « Particules élémentaires » (1998), de « la Carte et le Territoire », pour lequel il a obtenu le prix Goncourt en 2010.
Le titre se réfère à la traduction du mot « Islam », qui signifie allégeance (à Dieu). En 2022, après le second mandat désastreux de François Hollande, la gauche et la droite s’unissent pour contrer Marine le Pen au second tour et portent au pouvoir le chef de la Fraternité musulmane (une invention de l’auteur), un musulman modéré, Mohammed Ben Abbes. Les péripéties de cette fable sont racontées par un universitaire dépressif (double de l’auteur ?), qui va finir par se convertir afin de profiter des avantages pécuniaires et de la polygamie du nouveau régime.
Michel Houellebecq récuse toute idée de provocation ou de satire – il a d’ailleurs suspendu la promotion de son livre –, assurant qu’il a seulement décrit un futur « vraisemblable » en procédant à une « accélération de l’Histoire », peut-être pour faire un peu peur mais sans croire que son hypothèse pourrait avoir des conséquences immédiates. De toute façon, le temps fait son œuvre : il y a sept ans, l’écrivain affirmait que « la religion la plus con, c’est quand même l’Islam » ; aujourd’hui, sept ans avant les événements qu’il imagine dans son roman, il reconnaît que « le Coran est mieux que je ne le pensais, maintenant que je l’ai lu ». Rendez-vous est pris pour dans sept ans.
Les tribulations de Vernon Subutex.
Les dérives de la société française sont également évoquées dans « Vernon Subutex 1 » (Grasset), le roman de Virginie Despentes (5 ans après « Apocalypse bébé », prix Renaudot), à travers l’irrésistible déchéance d’un fou de rock, ancien disquaire et désormais sans rien ni personne après que son magasin a fermé, que son amour l’a quitté, que ses amis sont pour la plupart décédés.
L’auteure déroule son récit sur deux fronts. On accompagne le malheureux héros dans ses tentatives pour se faire héberger une nuit, une soirée, ici ou ailleurs, et chaque fois qu’il ouvre une porte ou qu’il rencontre quelqu’un, Virginie Despentes nous introduit dans l’intime du milieu ou du personnage. Parallèlement à cette déplorable recherche de toit, s’instaure une chasse à l’homme pour retrouver Vernon Subutex et l’enregistrement testamentaire que lui a laissé une star de la chanson, son grand et dernier ami, mort d’une overdose. Entre polar et étude sociologique, un roman tout de violence et de compassion. Suite de ses aventures en mars.
Et aussi.
Au sommaire également de cette rentrée, « Danser les ombres », du Goncourt 2004 Laurent Gaudé (« le Soleil des Scorta ») : les projets d’une jeune femme qui revient à Port-au-Prince sont bouleversés par le séisme qui a ravagé Haïti en 2010 (Actes Sud). « Trompe-la-mort », de Jean-Michel Guenassia (« le Club des incorrigibles optimistes ») : l’auteur mêle le destin d’un homme miraculé et idéaliste, écartelé entre la culture de son père anglais et celle de sa mère indienne, aux tumultes de l’Histoire (Albin Michel). « Dis-moi oui », de Brigitte Kernel : après avoir hésité entre deux femmes, la narratrice est confrontée à la question de la reconstruction de son couple (Flammarion).
« Le Voyant », de Jérôme Garcin : un portrait d’un écrivain-résistant oublié par l’Histoire, Jacques Lusseyran, aveugle à l’âge de 8 ans (Gallimard). « Un an après », d’Anne Wiazemsky : la suite d’« Une année studieuse » et celle du roman d’amour de l’auteure avec le cinéaste Jean-Luc Godard, jusqu’à leur séparation en 1969 (Gallimard). « Le Maître », de Patrick Rambaud, prix Goncourt pour « la Bataille » : une évocation romancée de la Chine du Ve siècle avant Jésus-Christ et de la vie de Tchouang Tseu, qui a légué au monde un ouvrage légendaire à l’origine du taoïsme (Grasset). « Vivre vite », de Philippe Besson : un portrait choral et intime de James Dean, devenu en trois films et un accident de voiture une icône intemporelle (Julliard).
« Les Corps inutiles », de Delphine Bertholon : l’ouvrage déroule en alternance l’histoire de Clémence, lorsque, à 15 ans, elle subit une agression et lorsque, à 30 ans, elle assume tant bien que mal les conséquences physiques et psychologiques de son passé (Julliard). « Les Événements », de Jean Rolin : la description d’un pays, la France, confronté soudainement à la violence, à la pénurie et plus généralement à une perturbation massive de ses habitudes et de son mode de vie (P.O.L.). « La Route de Beit Zera », d’Hubert Mingarelli : la séparation, celle d’un père et d’un fils mais aussi celle des peuples qui vivent avec les fautes commises par leurs aînés, et la vie quotidienne éprouvée par le conflit israélo-palestinien (Stock).
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