LA COMMISSION des affaires sociales, présidée par Catherine Lemorton, députée de Haute-Garonne, a auditionné Hubert Olivier, le 30 janvier, au sujet des ruptures d’approvisionnement en médicaments. L’occasion pour le président de la chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) de défendre ses adhérents et de rappeler le rôle de la répartition. « En moyenne, les quantités de médicaments non livrées par les laboratoires aux répartiteurs sont de l’ordre de 12 à 15 % par commande, explique Hubert Olivier. Alors que, en aval, lorsque nous livrons aux pharmaciens, le taux de manquants est réduit à 3 à 5 %. Sans la répartition pharmaceutique, nous aurions donc trois fois plus de ruptures d’approvisionnement en France. » Il note que la durée des ruptures est inférieure à quinze jours pour les deux tiers d’entre elles. « Avec nos stocks de quinze jours ou plus, nous sommes en mesure de les absorber », indique-t-il. En revanche, un tiers des ruptures dépassent 15 jours, avec la moitié atteignant trois à quatre semaines et l’autre moitié excédant un mois. « Dans ce cas, nous ne pouvons pas les amortir. Le pharmacien et le patient sont donc touchés également. »
Exportations parallèles.
Hubert Olivier pointe aussi le problème des contingentements de produits. « Les laboratoires livrent à la répartition des quotas de médicaments qu’ils décident eux-mêmes, et dont nous ignorons le mode de calcul. On a attribué à la répartition la responsabilité des ruptures, alors que la raison pour laquelle nous ne pouvons pas livrer est que le produit ne nous est pas mis à disposition. »
Interrogé par la députée des Pyrénées-Orientales, Ségolène Neuville, sur le lien entre ruptures d’antirétroviraux et exportations parallèles, Hubert Olivier rappelle que, « depuis plusieurs années, la répartition n’exporte plus aucun médicament antirétroviral hors de France. Et pourtant, il y a toujours des ruptures… » Plus largement, il précise que, « dans la réalité quotidienne, nous approvisionnons en priorité les besoins du territoire national et quand nous avons des stocks résiduels nous pouvons envisager de les exporter, sauf pour certains médicaments sensibles comme les antirétroviraux ».
Procédure d’urgence.
Pour remédier aux ruptures, la CSRP formule deux propositions. La première est de créer un comité de suivi de l’approvisionnement des officines, rassemblant le ministère de la Santé, l’Agence du médicament (ANSM), les syndicats et l’Ordre des pharmaciens, les industriels représentés par le LEEM, et la CSRP. L’objectif serait de déterminer quand une rupture peut être amortie par la chaîne du médicament, de mesurer l’efficacité des mesures en place et d’en proposer d’autres si nécessaire. La seconde proposition vise à instaurer une procédure d’urgence déclenchée par l’Agence du médicament (ANSM). Elle permettrait de concentrer les stocks d’urgence d’une spécialité donnée dans 26 centres pivot, qui pourraient ensuite livrer n’importe quelle officine dans un délai de 24 heures.
Hubert Olivier pointe néanmoins les difficultés économiques de la répartition, qui mettent en péril ses missions de service public. « La baisse du marché du médicament et le redémarrage du générique depuis l’été creusent la situation de la répartition, alerte-t-il. Chaque fois que nous distribuons un générique, nous perdons de l’argent, entre 9 et 16 centimes par boîte. » Il ajoute que les ventes directes atteignent un tiers des volumes en France, une exception en Europe où la moyenne tourne autour de 10 à 12 %, et ne dépassent pas 15 % en Allemagne. Questionné par Bernard Accoyer, député de Haute-Savoie, sur les solutions à apporter, Hubert Olivier déclare que « la répartition a besoin de 50 millions d’euros sur le générique, soit environ 10 centimes d’augmentation par boîte, afin de ne plus vendre de boîtes à perte ». Il réclame également l’instauration d’un forfait à la boîte, sur le modèle allemand. « Il faut déconnecter en partie nos ressources du prix du médicament, estime-t-il. À défaut, la répartition sera en perte d’exploitation dès cette année et, en 2015, tout le secteur sera dans le rouge. »
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