LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Vous venez d’arriver à la tête de l’OCP après avoir fait carrière dans l’industrie pharmaceutique. En quoi votre expérience industrielle peut-elle vous aider dans vos nouvelles fonctions ?
HUBERT OLIVIER.- Avant de rejoindre l’OCP, j’ai en effet travaillé pendant 30 ans au sein de l’industrie pharmaceutique, dont 20 dans deux groupes totalement tournés vers l’officine : Pierre Fabre et Ratiopharm. Ces expériences m’ont permis de bien connaître l’officine, de travailler avec tous ses acteurs et de comprendre l’importance de sa place dans le circuit de distribution. L’OCP, que j’ai désormais rejoint, a une grande concentration de savoir-faire, notamment logistiques. L’objectif sera de faire évoluer ce modèle, façonné par mon prédécesseur, pour déployer une culture encore davantage tournée vers les pharmaciens. Notre ambition est d’être le bon partenaire de l’officine pour affronter les défis de demain.
Dans quel contexte économique se situe le groupe ?
En 2011, l’OCP a réalisé un chiffre d’affaires (CA) de 6,5 milliards d’Euros en France, sachant que Celesio réalise globalement 23 milliards d’euros. Nous avons stabilisé notre part de marché à 34 % en France en 2011 et nous livrons 14 000 officines. Cependant, notre CA est en léger recul, tout comme le marché. Nous sommes dans un contexte difficile, qui va malheureusement continuer en 2012.
Quels sont vos projets pour l’OCP ?
Nous allons déployer notre activité autour de trois volets. Concernant la logistique, l’OCP a su faire tous les investissements nécessaires au bon moment pour moderniser son réseau, qui compte aujourd’hui 43 établissements de répartition et deux établissements nationaux. Nous allons continuer à développer certains projets, mais nous disposons déjà d’une base extrêmement performante. Au niveau commercial, je souhaite que l’activité se renforce dans une relation fondée sur la clarté et sur la contractualisation avec nos clients. Enfin, dans le domaine des services, nous allons élargir notre champ d’action. En effet, la loi HPST pose les bases d’un renforcement du rôle du pharmacien, par exemple dans la prévention et l’accompagnement des malades. Cela crée de nouveaux besoins en terme de formation. C’est pourquoi nous avons déjà mis en place des stages en présentiel pour le titulaire ou son équipe, avec des formations validées dans le cadre de la FCC (formation conventionnelle continue). Depuis un mois, nous venons de lancer une offre d’e-learning en complément. Nous prévoyons d’aller plus loin, dans le cadre du développement professionnel continu (DPC). Par ailleurs, notre site Internet, Point, créé en 2001, est devenu un site de référence, avec 40 000 connections quotidiennes et près de 300 000 pages vues. Nous allons vers un nouveau modèle, à la fois pour l’officine et pour l’OCP. Notre rôle n’est plus simplement d’être le bon partenaire de l’officinal pour ses flux d’achat, mais aussi pour se former et s’informer.
Suite à la réforme de la marge des grossistes, comment avez-vous informé vos clients des changements de prix ? Les conditions de remises ont-elles été modifiées ?
Nous avons informé nos clients grâce au site Point. Les nouveaux prix, les modalités de mise en place et les délais d’écoulement ont été publiés directement sur Internet. Ce changement de marge est un rendez-vous manqué pour la répartition. L’objectif était de stabiliser les ressources de la répartition, qui s’érodent depuis de nombreuses années. Malheureusement, nous n’avons pas été entendus par les pouvoirs publics. Non seulement la nouvelle marge ne va pas stabiliser cette érosion, mais elle va en plus amputer la répartition d’environ 60 millions d’euros pour 2012, dont plus de 20 millions pour l’OCP. En prenant cette décision, les pouvoirs publics ne pouvaient pas ignorer qu’ils allaient indirectement viser l’officine. La répartition ne peut en effet pas faire autrement que de répercuter une partie de cette baisse de marge sur les conditions commerciales. Ce travail difficile est effectué sur le terrain par nos équipes de commerciaux, sur une base de confiance, de clarté, et, le plus possible, de contractualisation, afin de tenir compte de la structure des achats de nos clients.
L’USPO dénonce la facturation de frais de livraisons aux officines par certains grossistes-répartiteurs, qu’en pensez-vous ?
Selon moi, c’est un sujet relativement marginal. L’OCP a beaucoup de clients, avec qui nous faisons beaucoup de CA. En revanche, il arrive qu’un répartiteur soit amené à livrer un client sur des valeurs de commandes très faibles, qui n’incluent pas forcément que du vignetté. Si la marge qui résulte de cette commande ne couvre pas les frais de transport, il paraît inévitable de les facturer. Mais c’est une situation plutôt exceptionnelle. Nous n’y recourons que quand, économiquement, nous ne pouvons pas faire autrement.
Le gouvernement prépare un décret pour résoudre le problème des ruptures d’approvisionnement. Qu’en pensez-vous ?
L’intention de départ est légitime : nous devons apporter une solution aux ruptures d’approvisionnement. Mais ce projet de décret est totalement disproportionné, car il vise à interdire purement et simplement l’exportation sur une très grande liste de produits, alors qu’elles ne représentent que 3 % de l’ensemble des flux nationaux de la répartition. Il n’y a aucune étude qui permette d’établir une causalité directe entre cette activité export et les ruptures. Par ailleurs, l’OCP a depuis longtemps réservé ses dotations en produits sensibles à ses clients nationaux. De plus, ce projet de décret n’aborde pas du tout le problème des contingentements et cherche à institutionnaliser le recours au direct, ce qui n’a aucun sens en terme d’efficacité. L’OCP n’hésitera pas à utiliser tous les recours juridiques contre ce texte si le gouvernement persiste dans cette voie. Nous disposons d’une structure de répartition nationale et nous sommes capables de gérer de façon performante la distribution de stocks de spécialités « rares » vers toutes les officines. L’OCP, avec ses outils, est prêt à le faire avec tous les laboratoires qui le souhaitent.
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