LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quel bilan tirez-vous de votre action à la tête d’Astera ?
YVES KEROUÉDAN.- Au niveau commercial, notre part de marché est passée de 12,5 % à près de 18 % entre 2000 et 2011. Nous avons également augmenté notre taux d’occupation du territoire français, passé de la moitié à deux tiers de la France. Par ailleurs, nous avons créé Eurodep en 2002, qui est devenu le troisième dépositaire pharmaceutique français. Nous avons également amélioré les services rendus aux pharmaciens. Par exemple, notre chaîne du froid n’était pas très au point il y a dix ans. Elle est désormais très performante et nous allons encore la perfectionner. Nous avons aussi mis en place un système de réassort automatique grâce à trois magasins régionaux situés à Lille, Paris et Bordeaux. Nous pouvons ainsi livrer n’importe quel produit aux pharmaciens sous 24 heures.
Quel était l’objectif de la transformation du nom CERP Rouen en Astera, le 1er octobre 2008 ?
Nous avons cherché à clarifier les choses, car la CERP était une entité à la fois politique et opérationnelle, ce qui pouvait être source de confusion. Désormais, Astera est l’organe politique et décisionnaire. C’est une coopérative multiservices qui dispose de différents outils, organisés autour de quatre pôles : la répartition, avec CERP Rouen, en France, en Belgique et en Allemagne ; les soins à domicile (MAD-HAD) ; les services à l’industrie (dépositaire Eurodep et call-center) et les services aux pharmaciens (informatique, réseau des pharmaciens associés et centrales d’achat). Astera compte 3 500 personnes et réalise 4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2010 (hors Allemagne).
Comment voyez-vous l’avenir de la répartition ?
La répartition sera confrontée à un grand nombre d’évolutions. Le déficit des comptes publics et sociaux va obliger les laboratoires à démontrer la valeur ajoutée de leurs produits, qui n’auront plus une AMM « à vie ». De même, l’argent étant plus limité, il faudra que chacun fasse des efforts. La répartition a encore été mise à contribution cette année, avec une nouvelle taxe, comme nous en avons déjà subi tous les deux ou trois ans. Mais, désormais, il ne reste plus grand-chose à récupérer, on arrive à l’os !
Par ailleurs, on se dirige vers une augmentation des pathologies chroniques et le vieillissement de la population, ainsi que vers des changements majeurs au niveau de l’industrie pharmaceutique. Elle cherche à redorer son image et veut être de plus en plus en relation directe avec le patient. Elle prépare de nouveaux produits issus des biotechnologies, plus difficiles à produire et à transporter ; elle peut être tentée de mettre en place des filières directes pour les distribuer. La répartition devra se battre pour garder ce marché. Nous allons passer d’une distribution de masse à une distribution de niche : nous continuerons à gérer des produits de masse tels que les génériques, mais les produits destinés à un faible nombre de patients vont se développer. Pour que nous puissions nous en charger, il faut permettre aux répartiteurs de devenir dépositaires, car le laboratoire veut que le produit lui appartienne jusqu’au bout. Nous avons adressé une demande en ce sens au ministère de la Santé, mais nous attendons toujours sa réponse.
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