Inondations : le témoignage d'un pharmacien de Nemours

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Publié le 02/06/2016

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Crédit photo : DR

« Dans ces cas-là, le temps passe très, très vite. » C’est à une course contre la montée des eaux à laquelle s’est livré mercredi matin Jérôme Durand, titulaire de la pharmacie de l’Église, à Nemours, en Seine-et-Marne. Il est 10 h 15 quand le pharmacien, qui n’a pas pu ouvrir sa pharmacie à 8 h 45 comme à son habitude à cause de l'inondation du centre-ville, pénètre par l’arrière de son officine. « En dépit de la marche, le niveau atteignait déjà mes bottes aux trois quarts. Sur l’avant de la pharmacie, de plain-pied avec la rue pour des raisons d’accessibilité, l’eau remontait également », se souvient le titulaire.

Sa priorité est alors de sécuriser son matériel informatique. À l’intérieur, l'eau atteint les premiers rayonnages de para. Mais à l'extérieur, les flots du Loing en crue, encore contenus par le rideau métallique, augmentent dangereusement. Le pharmacien va alors s’employer à sauver son unité centrale, son logiciel d’étiquettes, le déballoire et différentes émulations, et surélève certains autres appareils sans pouvoir pour autant sécuriser la totalité de ses cinq postes.

Le pharmacien, qui emploie quatre salariés, avait pourtant anticipé la veille. Avec son épouse, il avait décidé de forcer l’extinction de son système informatique. « D’habitude, il tourne en continu, mais comme nous avions été prévenus dans l’après-midi par les employés de la mairie du risque de crue, nous avions tout bouclé mardi soir, tout comme nous avions effectué l’ensemble des télétransmissions », expose notre confrère, insistant sur la qualité du dispositif d’information mis en place par la mairie de Nemours, qui a par ailleurs pris la décision de couper l’électricité.

Aujourd’hui, à Nemours, 4 000 habitants ont été évacués. La crue ne cesse de grossir, dépassant de loin, avec les 4,60 mètres, le niveau record de 1910 (4,25 m). Le pic est attendu dans la journée de demain. « Cela fait huit ans que je suis installé ici et jamais nous n'avons connu un tel phénomène », affirme le pharmacien. Bien que prévenu à temps, Jérôme Durand n’aurait jamais pensé que la montée des eaux prendrait une telle ampleur. Ni d’ailleurs, que le Loing sortirait de son lit aussi rapidement.

Le titulaire, qui a entrepris des travaux en octobre 2015, venait d’obtenir l’aval des bâtiments de France pour les achever. Pour l’heure, il attend la descente des eaux pour établir les premières estimations des dommages. Son assureur est prévenu, tout comme ses confrères de Nemours qui devront prendre le relais. Car Jérôme Durand ne pourra pas assurer sa garde ni vendredi ni samedi. Ni même lundi prochain.