ON N’A PAS FINI DE MESURER le cynisme des dirigeants iraniens. Pour eux, tous les moyens sont bons pour en finir avec la révolte des Iraniens. Ils ont aussi compris que, s’ils tardaient à réagir, s’ils feignaient seulement de s’intéresser aux revendications des électeurs frustrés par les résultats du scrutin, s’ils tentaient de composer, le pourrissement de la crise finirait par les renverser. Ils ont donc choisi la manière forte, qui va jusqu’à terroriser les manifestants en demandant à la police, les fameux « bassidji » d’aller chercher les étudiants dans leurs dortoirs, d’aller frapper des non protestataires, de procéder à des arrestations massives et, surtout, d’empêcher toutes les formes de communication qui ne sont pas issues de l’État. De sorte qu’aucun bilan n’a été possible et que la violence de la répression peut être imaginée mais pas quantifiée.
Moussavi en danger.
M. Moussavi est sur la corde raide. Ce qui le protège, c’est le souhait d’Ahmadinejad de ne pas alimenter la révolte. Mais il ne faudra pas s’étonner si M. Moussavi et ses proches sont arrêtés quand le calme sera revenu. Tous ceux qui croyaient assister à l’aube d’une nouvelle ère en Iran, tous ceux qui admirent de l’extérieur les révolutions accomplies par ceux de l’intérieur, en sont pour leurs frais. Quelques spécialistes de l’Iran estiment quand même que le régime islamiste est condamné. Comme l’était le stalinisme à la mort de Staline en 1953. Mais il fallu attendre 36 ans pour que se produisît la chute du Mur de Berlin.
L’ex-président de l’Iran, Abolhassan Bani Sadr, réfugié en France, nous offre une analyse intéressante. Il estime que la main tendue par Barack Obama à tous les adversaires de l’Amérique, Iran compris, a mis fin à la paranoïa savamment entretenue par les intégristes dans les populations qu’ils contrôlent. Que, d’une certaine manière, les Iraniens disent à leurs dirigeants : nous ne sommes plus menacés et donc nous pouvons nous ouvrir au monde, nous pouvons moderniser notre société. C’est cette modernisation que craint par dessus tout un régime qui lapide à mort les femmes adultères et truque les élections. Dans ces conditions, estime M. Bani Sadr, il va être extrêmement difficile pour le « Guide suprême » et ses acolytes de se maintenir au pouvoir grâce à une rhétorique fondée sur un seul slogan, la mise à mort du « Grand Satan ». Cependant, M. Bani Sadr aura été le seul à trouver dans l’attitude de M. Obama une façon positive de traiter la crise iranienne. On a reproché au président des États-Unis d’avoir été trop conciliant avec le régime de Khamenei. M. Obama a corrigé le tir : il s’est montré plus sévère à l’égard de Téhéran qui, aussitôt, a redoublé d’accusations contre les ingérences américaines. Et il est vrai que la marge est mince, entre le soutien aux émeutiers et une politique américaine fondée sur la main tendue à tous ceux que Bush, naguère, rangeaient dans « l’axe du mal ».
Tensions croissantes.
C’est une course de vitesse. Le danger de manifester est devenu si grand en Iran que les forces de l’ordre tiennent désormais la rue, même si, maintenant, les contestataires montent sur les toits pour exprimer leur mécontentement. Il n’est pas dit que les bassidji n’iront pas les chercher au sommet des immeubles. Ce régime, qui dispose de milices de toutes sortes et de pasdarans aveuglément obéissants n’aura pas trop de mal à étouffer définitivement ce qu’il reste des protestations grâce au silence médiatique qu’il a organisé. Les États-Unis et l’Europe, malheureusement, ne peuvent pas attendre que la théocratie iranienne se décompose pour engager les indispensables discussions susceptibles de conduire à un accord au sujet de la bombe iranienne. Jusqu’à présent, les travaux de mise au point de ce qui pourrait bien être une arme atomique ont été conduits frénétiquement par le pouvoir et il les ralentira d’autant moins qu’il commence (à peine) à craindre pour sa survie. Il a d’ailleurs toujours vu et il voit encore l’accession de l’Iran au statut de puissance nucléaire comme une parade absolue contre le changement politique. Certes, l’Iran n’est pas la Chine, qui a su compenser l’absence de libertés par un développement économique sans précédent. Mais les mois qui viennent ne sont pas propices à l’apaisement des tensions entre l’Iran et les Occidentaux.
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