AVEC 130 syndiqués pour 165 installés, les pharmaciens de la Vienne affichent un taux d’adhésion plus que satisfaisant pour leur président Jacky Meunier. Pourtant, ce dernier, 57 ans, en poste depuis 1995, soit cinq mandats, ne devrait pas se représenter aux prochaines élections, lassé d’un engagement aux conditions prenantes. Cette longue pratique lui permet cependant d’ouvrir un œil lucide sur l’ensemble de la profession au niveau départemental.
« Les temps sont difficiles, analyse t-il, comme le prouvent les fermetures en cours de deux officines obligées de se regrouper avec d’autres pour survivre. Elles illustrent parfaitement la désertification rurale qui les touche, et qui en menace beaucoup d’autres. Mais il ne faut pas croire que le phénomène concerne uniquement nos campagnes. Si j’en crois ce que j’entends, de nombreux confrères sont en difficulté dans nos grandes villes comme ailleurs. Certains sont même fragilisés dans leur avenir. »
D’après le responsable syndical, les sources du problème sont certes conjoncturelles, mais aussi liées à des pratiques concurrentielles agressives. Le mal est général, entre marge au rabais, baisse des volumes de vente, produits sans ordonnance ouvrant la porte à des guerres de prix, et « marchands de boîtes » plus proches des épiciers que des praticiens.
« Certains, et heureusement qu’il en reste, assument leur mission de service public, affirme t-il, conseillant leurs patients dans leurs choix. D’autres, au contraire, ne pensent qu’à vendre à tout prix, avec le maximum de bénéfices, et se comportent davantage comme des commerçants que comme des auxiliaires de la médecine. Cette lutte fratricide à couteaux tirés, se confirme notamment dans des villes comme Poitiers (capitale de la Vienne) mais aussi Châtellerault, Montmorillon ou Loudun. Que faire, par exemple, face à des géants comme le groupe Lafayette qui a ouvert récemment son site dans la cité poitevine, et qui pratique une politique tarifaire à la baisse ? »
Tenir sa garde.
Pour comprendre à quel point la Vienne peut-être sinistrée par la crise économique, il suffit de relever le nombre d’industries locales liées à l’automobile et sa sous traitance. Faillites et fermetures se multiplient depuis 2007, engendrant chômage, baisse du pouvoir d’achat et chiffres d’affaires des officines en baisse (de 3 % environ en moyenne sur un an d’après le centre de gestion agréé de la Vienne). Une érosion qui se cumule avec d’autres paramètres négatifs.
« Nous avons une géographie de bourgs campagnards et de petits villages, explique Jacky Meunier, qui enregistre une baisse générale de population. Ceci provoquera à coup sûr des soucis successoraux, les pharmaciens du département étant pour les deux tiers âgés de plus de cinquante ans. Le remède sera en partie la multiplication des regroupements, la naissance de maisons médicales, mais il y aura sur les vingt prochaines années de nombreuses disparitions. »
A contrario, être pharmacien dans la Vienne comporte cependant des côtés positifs : vieillissement constant d’une population âgée, donc fréquentant les officines (on y bat des records de centenaires), qualité de vie, activité touristique renforcée par les parcs thématiques (Futuroscope, Vallée des Singes, etc..). Les génériques ont été bien acceptés (82 % de taux de substitut) les relations avec les Caisses sont excellentes, la distribution par les grossistes est efficace, l’informatisation a été réussie à 100 %, et le syndicalisme se porte bien.
« Outre nos difficultés, un autre souci majeur apparaît, relativise cependant le président du syndicat départemental : la mise en place des gardes se heurte à plusieurs obstacles, la mauvaise volonté de certains, le manque d’implication de quelques jeunes, mais pas tous – Poitiers possède sa faculté de pharmacie – bref, une réelle motivation pour se mettre au service de nos concitoyens. Nous avons un monopole, qui impose des devoirs, et il est fâcheux que quelques-uns refusent de suivre des stratégies que nous mettons en place. Notre système, tel que nous l’avons cadré, est très acceptable dans ses contraintes, mais cela n’empêche pas certains – qui se reconnaîtront - principalement en milieu rural, de ne pas jouer le jeu. C’est à la fois dommageable pour leurs malades, et peu agréable pour leurs confrères. »
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