La campagne est-elle pour autant axée sur l'impératif catégorique de la consolidation en France des principes démocratiques qui définissent la république ? On n'est pas incité à le croire tant le débat politique est empoisonné par les « affaires », tant chaque candidat est auto-imprégné de sa mission personnelle, tant l'idiosyncrasie domine les stratégies. La clameur des scandales recouvre et assourdit les échanges d'arguments. Le sort personnel de François Fillon a relativisé le débat et affaibli le diagnostic concernant un pays malade et la thérapie de choc à adopter. Un peu comme si les partis et leurs représentants livraient bataille dans un univers purifié de toute contradiction, ou comme s'il s'agissait davantage de convaincre l'électorat que de dénoncer les dangers vers lesquels il est tenté de courir.
Le malaise de la gauche exprime le mieux ce qu'il y a d'étrange dans la présence occulte, discrète, parfois invisible du Front national. Quelques ténors du PS, comme Claude Bartolone et Bertrand Delanoë, ont déjà acté leur engagement contre le Front, en rejetant le programme de Benoît Hamon, conçu dans le confort du cocon idéologique, mais susceptible d'envoyer au FN encore plus d'électeurs de gauche. D'autres, qui s'étaient accommodés de la défaite de Manuel Valls à la primaire, attendaient de M. Hamon qu'il amende son programme dans le sens social-libéral. Il a donné des gages insuffisants. Ils attendent l'arme au pied, prêts à rejoindre M. Macron avec armes et bagages.
Le vaste groupe, que l'on appelle « la droite et le centre » dans une expression unique qui ne trompe personne, est en miettes : le retrait d'Alain Juppé a accru les tensions entre ceux qui soutenaient le maire de Bordeaux, ulcérés par le traitement qui leur a été réservé, et ceux qui, avec l'aide efficace des sarkozystes, ont imposé François Fillon aux Républicains et à l'UDI, non pas pour arracher l'ancien Premier ministre aux griffes de la justice (il va vite la retrouver sur son chemin) mais pour imposer leur projet qui est le même que celui de 2012, et le même que celui de 2007 : aspirer une fraction de l'électorat du FN en lui promettant des mesures comparables à celles de l'extrême droite. A-t-on assez répété que ce qui a marché il y a dix ans a échoué il y a cinq ans ? Sans doute pas. Le 4 mars, à Paris, François Fillon, entouré de sa garde sarkozyste, a radicalisé son propos. Lui qui intéressait les Français par son projet de réforme, tentait de les séduire en parlant un langage proche de celui de Mme Le Pen.
L'aspirateur de suffrages
La réussite du complot anti-Juppé contient donc les germes de l'échec. Car les déçus de la droite iront chez Macron comme les déçus de la gauche. En quelle langue faut-il le dire ? Si Marine Le Pen est soutenue par un tiers de l'électorat, cela veut dire que 65 à 70 % des Français ne veulent pas d'elle, qu'on ne la battra pas en la singeant et que le seul débat qui vaille porte sur le danger qu'elle représente. Dans ces conditions, on peut répéter à l'infini que M. Fillon mérite d'être élu président de la République, on ne s'adresse pas au problème numéro un de ces élections historiques : quelle est la meilleure façon de voter non seulement pour permettre le sauvetage socio-économique du pays mais aussi pour lui épargner le malheur d'une expérience capable de l'achever ?
Il serait bon, utile, décisif que le second tour oppose deux démocrates. Il serait bon que Marine Le Pen ne franchisse pas le cap du premier tour. Observons les forces en présence : une gauche divisée qui a largement mérité sa pénitence quinquennale ; une droite infiniment moins unie aujourd'hui qu'elle le fut avant la primaire ; et un non-parti incarné par M. Macron qui n'offre aucune garantie, qui aura du mal à trouver une majorité parlementaire, dont les projets sont quelque peu confus et en tout cas pas aussi vigoureux que ceux de M. Fillon, mais qui a cet immense mérite, la capacité de battre le Front. Nicolas Sarkozy aurait été mieux inspiré s'il avait ménagé M. Juppé et ses amis.
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