BANGUI et le reste du pays sont livrés à une anarchie effroyable, accompagnée de crimes ignobles commis sur les civils, au nom d’un fossé qui séparerait les musulmans des chrétiens, mais, dans ce genre de conflit, tous les prétextes sont bons pour justifier l’assassinat, le vol, le viol et le pillage. La France n’avait pas le droit d’abandonner les Centrafricains à leur sort funeste, elle se porte à leur secours en prenant toutes les précautions juridiques, en écartant d’un revers de la main la stupide accusation de néo-colonialisme et elle fait tout cela contrainte et forcée. Il y a un président à Bangui, celui qui a destitué son prédécesseur quand la Séléka, la bande de voyous qui se présente comme une « armée révolutionnaire », s’est emparée de la capitale centrafricaine. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a exclu, pour le moment, la destitution de Michel Djotodia, qui a d’ailleurs, sans succès, dissous la Séléka, ce qui n’empêche pas des hordes de brigands de mettre à sac le pays.
Jeudi, la situation s’est brusquement aggravée : des chrétiens ont attaqué une mosquée et tué quelque 80 personnes. Le gouvernement français a beaucoup tergiversé avant d’envoyer ses troupes, mais, cette fois, il était obligé d’agir dans l’urgence. Six-cent cinquante hommes ont été dépêchés sur place et, au total, la force d’intervention devrait comprendre 1 300 soldats. Dans cette affaire, on est très au-delà de la politique, et au cœur d’une situation humanitaire catastrophique. François Hollande a reçu le soutien de l’opposition, comme ce fut le cas pour le Mali. Cependant, il faut tenir compte de quelques éléments d’analyse qui soulignent l’engagement croissant de la France dans une série de conflits répétitifs.
La France sur tous les fronts.
M. Hollande a donc le Mali et la Centrafrique à son actif, mais il s’en est fallu de peu que notre aviation bombarde la Syrie au moins d’août dernier. Avant lui, Nicolas Sarkozy avait fait bombarder la Libye et rétabli en Côte d’Ivoire un ordre démocratique. Ces diverses interventions sont lancées dans un contexte de réduction des budgets militaires. Ce qui est plus grave, c’est que la France a agi seule en Côte d’Ivoire, au Mali et en Centrafrique, certes avec l’approbation empressée de nos partenaires européens qui, toutefois, ne participent ni aux combats ni à la logistique. En Libye, la France et le Royaume-Uni ont agi de concert, avec une aide américaine, notamment en renseignements. En Syrie, la France a dû reculer à la suite d’une volte-face du président Barack Obama.
D’une part, cette solitude de la France souligne le courage personnel de François Hollande ; d’autre part, elle montre les limites de nos aventures militaires en Afrique ou ailleurs. On pourrait déjà décider que, dans la surveillance de l’économie française par la Commission européenne, il soit tenu compte des frais engagés par la France pour des batailles qui protègent l’Europe mais ne coûtent pas un sou aux autres membres de l’Union ; et il serait temps d’aborder le sujet, entre Européens, des opérations de maintien de l’ordre en Afrique : nos amis ne veulent pas en parler, parce que soulever le sujet, c’est déjà la certitude que l’on parviendra à un partage des tâches. Il est temps de mettre fin à cette hypocrisie, si l’Europe ne veut pas laisser l’Afrique se consumer dans un incendie continental, dont les foyers ragent au Mali, en Somalie, au Congo, en Centrafrique, alors qu’une vive croissance et de lourds investissements dans les pays africains stables apportent un espoir réel à tous les Africains.
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