M. LE DRIAN n’a pas la tâche facile. Il peut même penser qu’il n’est pas récompensé pour ses efforts. Il était en droit de tirer une certaine fierté du succès de l’opération Serval au Mali. Mais le ministre n’a pas la fibre triomphaliste : discret, sobre dans ses déclarations, il se contente d’accorder à nos soldats le mérite de nos succès militaires, qui ne vont pas sans coûter cher en vies humaines. Au moment où le gouvernement doit faire adopter le budget 2014, M. Le Drian, dont la loyauté à l’égard du président de la République n’a pas de limites, met en œuvre les coupes qui lui sont réclamées. Pour contenir les dépenses de l’armée à 31,5 milliards en 2014, il faut supprimer 24 000 postes de plus. La LPM 2008-2013 avait prévu 54 000 disparitions de postes, il en reste 10 000 à supprimer en 2013, qui s’ajoutent donc aux 24 000 décidés pour la période 2014-2019.
La première question qui se pose porte sur le choix politique du gouvernement. Il s’attaque à la dépense publique en commençant par le budget de la défense. On note néanmoins qu’il ne le diminue pas. La réduction de la dépense exigerait, en bonne logique, que certains budgets n’augmentent pas, même s’ils ne sont pas réduits. Or la justice, la police et l’éducation embauchent de nouveaux effectifs. Insuffisante, la réforme des retraites ne permettra pas de faire des économies. Est-il sage, dans ces conditions, de porter l’effort sur l’armée?
C’est d’autant plus paradoxal que le chef de l’État a montré, avec l’expédition au Mali, qu’il pouvait, en certaines ciconstances, faire preuve du leadership dont on lui reproche l’absence pour les affaires intérieures. Il n’est pas impossible que, la diminution de la dépense réclamant beaucoup plus de courage que la hausse des impôts, nos dirigeants s’y soient engagés en abordant le chapitre militaire, peut-être parce qu’ils le jugent plus « facile ». Mais l’affaiblissement de notre défense a été aussitôt dénoncée par l’opposition, qui n’en est pas à une contradiction près, puisqu’elle exige aussi que les impôts n’augmentent plus et que la dépense publique soit réduite. On ne peut pas à la fois défendre la stabilité fiscale ou l’amaigrissement de l’État et pousser des cris d’indignation quand tel ou tel budget est tronqué. Les nationalistes bon teint jurent que l’armée ne pourra plus rééditer l’exploit du Mali. M. Le Drian répond que l’armée, ce ne sont pas seulement des effectifs, c’est l’équipement et l’entraînement. On verra à l’usage si l’armée française a perdu ou non de sa capacité à se projeter sur les fronts étrangers.
Un coup dur pour les villes de garnison.
En revanche, la diminution des effectifs se traduit inévitablement par une perte de recettes pour les villes qui hébergent les garnisons. Un régiment qui s’en va, ce sont des commerces qui ferment, des logements désertés, des écoles avec moins d’enfants, toute une activité économique qui se contracte. On touche là le cœur du dilemme. Confrontée à une dette énorme et à un déficit budgétaire mal maîtrisé, la France ne peut pas redresser ses comptes sans causer des dégâts au tissu social. M. Hollande n’a pas tort d’augmenter les impôts, il a tort parce qu’il les a trop augmentés. Il a encore moins tort de s’en prendre à la dépense publique, mais il doit veiller à ce qu’elle ne saccage pas des équilibres sociaux déjà très fragilisés. Vendredi, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a vanté sa méthode faite de « dialogue, concertation, mobilisation et solution ». On souhaite le croire, mais on reste sceptique. Le gouvernement a cru que la croissance finirait par épargner à la France les sacrifices qu’exige la lutte contre l’endettement. Il a perdu du temps. Il a engagé de nouvelles dépenses au nom de la « justice sociale », comme s’il lui restait une marge de manœuvre. Aujourd’hui, il n’a plus d’autre choix que de porter le fer dans la plaie, et c’est douloureux.
Jean-Yves Le Drian fait la guerre et des économies sur l’armée
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