Où Jean de Kervasdoué se situe-t-il ? S’il était dépourvu de toute préoccupation environnementale, s’il était inspiré par l’avidité matérialiste ou par un productivisme cynique, s’il ne croyait pas au changement climatique, il serait aisé de le classer parmi les promoteurs d’une économie complètement livrée à elle-même et en dehors de tout contrôle ; s’il ne venait de la gauche, dont il se réclame encore, il serait facile de ne voir en lui qu’un réactionnaire ; s’il n’avait à son actif un travail scientifique considérable, on n’aurait aucun mal à le disqualifier en tant que l’un de ces nombreux « maîtres à penser » dont l’objectif est purement partisan. Mais il n’est rien de tout cela. Il puise dans ses études et son propre labeur le questionnement qui traduit la curiosité infinie du chercheur. Il ne veut pas de ces « vérités » assénées par des tribuns, dont les journaux rapportent souvent les propos sans les vérifier. Il ne fait que ça, M. de Kervasdoué : il vérifie.
Ce qui le conduit à remettre en question quelques mythes très importants qui continuent d’alimenter les multiples peurs françaises. Les moteurs Diesel ne sont pas, comme l’affirment Delphine Batho et Cécile Duflot, responsables du décès « prématuré » de quelque 42 000 ou 44 000 personnes chaque année en France (la « précocité » alarmante de leur décès doit-elle être comptée en minutes, en jours, en années ? demande-t-il sur le mode ironique). Les pesticides ne causent pas à l’environnement et à l’homme les ravages que l’on prétend. Les OGM sont interdits sans que l’on réalise qu’ils ont sorti des centaines de millions d’humains de la famine. Le nucléaire fait l’objet (surtout depuis Fukushima) d’une détestation irrationnelle qui, prise à la lettre, est elle-même nuisible à l’environnement, car le nucléaire est une énergie non-polluante. Un raisonnement collectif, national, presque consensuel nous éloigne, sous l’effet d’un mouvement puissant, de tout espoir de progrès parce que nous ne réfléchissons plus qu’au nom de « principe de précaution », inscrit dans la constitution de la Vè République, un principe qui aura fait, en définitive, bien plus de mal que de bien à notre pays, dont la compétitivité diminue chaque jour parce que nos concurrents, pour leur part, l’ignorent superbement.
Un déni absolu.
Dans notre réflexion collective, nous avons introduit tant d’éléments, d’interdits et, pour tout dire, de précautions que nous croyons être parvenus à une sorte de stade d’excellence quand, en vérité, nous avons réuni les facteurs de notre déclin. Comme c’est le cas avec le gaz de schiste dont nous refusons même de connaître l’existence (aussi bien à droite qu’à gauche). Nous ne souhaitons même pas envisager des techniques d’exploration ou d’extraction respecteuses de l’environnement. Nous nous enfermons dans un déni absolu, presque mystique, alors que le gaz de schiste fait la fortune des États-Unis. Il ne m’est pas possible de reproduire une à une, ici, les analyses de Jean de Kervasdoué. Tout médecin devrait lire son ouvrage parce qu’il apporte à ses démonstrations la qualité scientifique à laquelle nos lecteurs, par vocation, sont exclusivement sensibles.
Il y a aussi, dans « Ils ont perdu la raison », un moment d’épanchement personnel qui n’est pas le moins intéressant. D’une part, Jean de Kervasdoué s’interroge sur les rapports entre la politique et la science et l’influence que l’une peut avoir sur l’autre. D’autre part, il explique à plusieurs reprises pourquoi la gauche le déçoit. Il ne nous parle pas de ce choix cornélien entre social-démocratie et social-libéralisme qui, en ce moment, fait couler tellement d’encre. Il nous parle d’une gauche qui a oublié que son combat n’a de signification que s’il s’inscrit dans la recherche permanente du progrès. Je lui apporte mon cordial soutien.
(1) Éditions Robert Laffont, 19,50 euros.
Jean de Kervasdoué ne fait que ça : il vérifie
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