ON AVAIT TROUVÉ logique que Jean-Loup Chifflet, à l’origine des fameux « Sky my husband ! Ciel mon mari ! » ou « Oxymore mon amour », parmi une soixantaine d’ouvrages, écrive un « Dictionnaire amoureux de l’humour » ; on a été un peu plus surpris qu’il publie aujourd’hui un « Dictionnaire amoureux de la langue française » (1) que l’on craignait trop sérieux. Il n’en est rien, car cet homme d’esprit et de fantaisie a choisi de célébrer la langue « en la regardant de profil », c’est-à-dire en insistant sur son histoire mouvementée, ses subtilités, ses insuffisances et ses défauts. Une approche très personnelle et convaincante.
Érudition et légèreté font également bon ménage dans le dernier opus d’Henriette Walter, professeur émérite de linguistique et auteure de nombreux best-sellers. « Minus, lapsus et mordicus. Nous parlons tous latin » (2) propose un nouveau regard sur le paradoxe de cette langue jugée morte et pourtant toujours bien vivante, comme en témoignent les innombrables mots que nous employons tous les jours avec ceux que nous qualifions de « latin de cuisine ». Si l’on apprend beaucoup dans cette odyssée étymologique, on s’amuse aussi, car le livre est ponctué de jeux, d’anecdotes et de devinettes.
De l’Antiquité à aujourd’hui, « les Mots de l’époque » (3) se présente comme un jeu de piste dans notre langage actuel à travers une centaine de billets issus de « Juste un mot », la chronique de Didier Pourquery lancée dans « M, le magazine du Monde » et qui paraît désormais sur le site huffingstonpost.fr. « Ou pas », « À plus ! », « J’avoue », « Clivant », « Déconnecter », « Faire le job », « Pas de souci », « Swag(g) », « Revisiter », « Improbable », « Au final », etc. : le livre n’est pas sous-titré pour rien « 100 tics, trouvailles et autres extravagances du langage quotidien » !
Citations.
Les amoureux des mots et de la langue sont comblés avec la création de la collection « Folio entre guillemets » (4). Trois titres sont parus : « les Cheveux-Vapeur du coiffeur », illustré par Marie Assénat, un petit précis des mots communs sublimés par les écrivains ; « les Meilleures Citations déprimantes pour bien commencer la journée », illustré par Soledad, une anthologie pour se remonter le moral ; « Qui sèche ? », illustré par Anne Laval, un questionnaire qui noue la culture générale et la littérature. Des petits ouvrages bien jolis et bien sympathiques.
Les fans d’Arthur Rimbaud apprécieront, eux, le « Dictionnaire Rimbaud » (5), un ouvrage de référence qui fait le tour le plus exhaustif possible de l’univers rimbaldien. Réalisé sous la direction de Jean-Baptiste Baronian, membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique et spécialiste du poète, le livre étudie les multiples facettes de l’homme et de ses œuvres dans des perspectives tour à tour biographiques, littéraires, analytiques, historiques, politiques et géographiques. Un ouvrage indispensable pour faire le tri entre vérités et légendes.
François-Xavier Testu est professeur à l’université François-Rabelais de Tours et avocat associé à la cour mais il est aussi un spécialiste des « vacheries ». On le constate à la lecture du « Bouquin des méchancetés » (6), qui rassemble tout ce qui s’est dit de plus réjouissant en matière de saillies, injures, pamphlets, épigrammes et autres formules assassines dans l’histoire littéraire, mondaine et politique jusqu’à nos jours. Cette balade en méchanceté se fait par ordre alphabétique des noms propres et pour mieux situer les dialogues qui esquissent une anecdote ; s’y ajoutent près de mille notices biographiques. Un régal.
Philippe Bouvard, entre tous ses mérites, s’est distingué aussi dans l’art de la concision ciselée. On le vérifie dans « Bouvard de A à Z » (7), qui rassemble « les 2 000 formules les plus percutantes » de l’animateur des « Grosses Têtes ». Inutile d’en dire plus, à déguster.
Pour son premier livre, « Cent titres » (8), la jeune Clémentine Mélois n’y va pas de main morte. Elle a constitué une bibliothèque très particulière, dans laquelle elle pastiche par l’image – elle a fait des études aux Beaux-Arts de Paris – les classiques de la littérature. On trouve ainsi au fil des pages « le Hors-d’œuvre inconnu » de Balzac, « Mycologies » de Roland Barthes, «le Désert des Boursins » de Buzzati, « Lexomil et le royaume » de Camus...
Les mots conduisent à des questions, comme celle que Pierre Péju a repris en titre de son nouvel ouvrage : « Pourquoi moi je suis moi ? » (9), après y avoir répondu dans la revue « Philosophie Magazine ». Il y a une vingtaine de ces « questions d’enfance », troublantes et déconcertantes, auxquelles l’auteur tente de donner un sens, comme s’il s’adressait à un enfant imaginaire ou peut-être à l’enfant qui sommeille en nous :« Est-ce qu’on peut dire que c’est un meurtrier, celui qui tue un animal ? », « Une fois qu’on nous a fait un baiser, comment on fait pour l’enlever ? », « Avant que quelque chose existe, il y avait quoi ? »...
Consacrer un livre aux larmes, quelle drôle d’idée ! C’est celle que la journaliste Marie-Salomé Peyronnel a partagé avec le dessinateur de bande dessinée Joann Sfar, qui a notamment écrit la série culte « le Chat du rabbin ». Il en résulte un livre graphique en noir et blanc à visée thérapeutique qui se nomme « le Livre qui console » (10). Entre récit intime, réflexions, interviews, chansons et citations, il célèbre les pleurs de la plus poétique façon, avec à l’appui 50 illustrations également larmoyantes.
(2) Robert Laffont, 315 p., 22 euros.
(3) Autrement, 218 p., 15 euros.
(4) Robert Laffont, 732 p., 29,50 euros.
(5) Gallimard, coll. « Folio entre guillemets », entre 7 et 10 euros.
(6) Robert Laffont, 1 153 p., 30 euros.
(7) Flammarion, 430 p., 19,90 euros.
(8) Grasset, 218 p., 10 euros.
(9) Gallimard, 91 p., 11 euros.
(10) Flammarion, 128 p., 12 euros.
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