L’AGENCE internationale de l’énergie atomique (AIEA) a publié la semaine dernière un rapport dont le public avait appris l’essentiel il y a un mois. L’Agence est convaincue que le programme nucléaire iranien a une dimension militaire ; elle affirme que l’Iran s’est procuré des « équipements et des matériaux liés au nucléaire », qu’il a acquis des « informations et des documentations concernant le développement d’armes nucléaires » et qu’il « a procédé à des tests sur des composants ». Le régime iranien a nié, comme d’habitude le volet militaire de son programme auquel, a-t-il affirmé, il ne renoncera jamais.
Israël a aussitôt fait savoir qu’il envisageait de bombarder les sites nucléaires iraniens. Les États-Unis et les pays européens se déclarent favorables à de nouvelles sanctions économiques. La voie diplomatique est malaisée, car la Chine et la Russie pourraient s’opposer à une aggravation de l’embargo contre l’Iran, qui, déjà, souffre beaucoup de diverses pénuries. Dans le comportement des Israéliens, on ne sait pas exactement ce qui relève de la pression diplomatique (menacer de bombarder pour obtenir des sanctions supplémentaires) ou des intentions réelles. Habituellement très modéré, le président israélien, Shimon Peres, a clairement indiqué son soutien à l’option militaire. Le ministre de la Défense, Ehud Barak a même évalué les pertes que causerait à Israël un conflit direct avec l’Iran.
Des précédents.
Il y a des précédents : le 7 juin 1981, l’aviation israélienne a détruit la centrale nucléaire Osirak en cours de construction en Irak avec l’aide de la France ; en septembre 2007, l’État hébreu a également détruit un site nucléaire syrien en construction, sans l’approbation des États-Unis. On constate que ces deux raids n’ont pas provoqué de tension géopolitique particulière. Il est donc possible qu’Israël s’attaque bientôt (dans les jours ou les semaines qui viennent) à l’Iran, notamment parce que les autorités iraniennes ont l’intention d’enfouir leurs installations pour les mettre à l’abri d’un raid. Même les Israéliens savent que l’opération sera malaisée, à cause de la distance et de la nécessité pour les avions israéliens de survoler l’Arabie saoudite, qui n’est pas exactement un pays ami, même si les royaumes de la région et l’Irak seraient ravis d’être débarrassés d’un régime iranien fanatique et turbulent. Les conséquences d’une attaque aérienne seraient considérables. Elle aurait un impact négatif immédiat sur l’approvisionnement en pétrole de l’Europe et des États-Unis et risquerait de provoquer l’union sacrée des pays arabo-musulmans contre Israël.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahou n’ignore nullement les sérieux inconvénients d’une intervention militaire. Mais, dans cette affaire il joue, à terme, son existence : le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, n’a jamais fait mystère de son désir de rayer Israël de la carte. Il ne perd pas une occasion de répéter que l’État juif doit disparaître. En outre, la crise provoquée par l’Iran n’est pas que le problème d’Israël. D’une part, l’Iran a ou aura bientôt des missiles capables d’atteindre l’Europe ; d’autre part, il représente aussi une menace pour les États de la région, l’Arabie saoudite, le Koweit et les Émirats qui, face au chantage atomique, pourraient passer assez vite sous son influence directe, et rationner les exportations de pétrole. Dans les deux cas, agir ou ne pas agir, les conséquences à terme seraient comparables. Toutefois, on estime que le délai pour Téhéran d’avoir sa bombe est de trois ans et qu’il lui faudrait trois ans de plus pour qu’il parvienne à mettre l’engin sur un missile. Il n’est pas impossible que, dans ce laps de temps, une aggravation des sanctions mette à genoux le régime islamiste qui est haï par une majorité d’Iraniens et ne se maintient que par la force. Un changement au pouvoir n’empêcherait pas la mise au point de la bombe atomique, à laquelle tous les Iraniens sont attachés, mais la menace qu’elle représenterait serait sensiblement diminuée.
Même si le mot d’ordre mondial est la non prolifération, certains diplomates, en France et ailleurs, estiment que l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran ne déboucherait pas inévitablement sur un usage militaire et que l’Iran pourrait s’en servir seulement pour la dissuasion. L’Inde et le Pakistan, par exemple, disposent chacun d’une force de frappe, mais ont établi un équilibre de la terreur, comme au temps de la guerre froide entre l’URSS et les États-Unis. Il n’empêche qu’on ne peut pas comparerun régime iranien irrationnel au gouvernement démocratique indien ou au régime pakistanais, suspect à plus d’un égard, mais plus modéré que la théocratie installée à Téhéran.
Mahmoud Ahmadinejad veut la bombe pour dominer le Moyen-Orient
AVEC OU SANS INTERVENTION MILITAIRE, IL Y AURA, À TERME, UNE GRAVE CRISE RÉGIONALE
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