La préparation des doses à administrer (PDA) s'inscrit de plus en plus profondément dans l'exercice officinal. Les spécificités de cette activité, sur le plan technique comme sur l'organisation de la pharmacie, en font une spécialité à part entière. Pour les adjoints, cette activité est surtout l'occasion de se réaliser professionnellement et de valoriser leurs compétences auprès du titulaire et des autres professionnels de santé. L'expérience de Camille Devienne et Marion Daurade le confirme.
La PDA est une autre forme de dispensation
« En tant que responsable de l'activité PDA, le terme de « bras droit » du titulaire prend tout son sens », confie Marion Daurade. Adjointe dans une pharmacie lyonnaise située dans le secteur de la Croix-Rousse, elle a découvert la PDA par hasard. « J'ai commencé cette activité à Valence, sans savoir dans quoi je m'engageais. J'étais diplômée depuis seulement six mois quand j'ai postulé pour un CDI. La titulaire m'a d'emblée précisé la particularité de ce poste, dont 20 % du temps de travail était dédié à la PDA. J'étais curieuse de découvrir cette activité et au final, cela m'a plu. » De cette première expérience, Marion Daurade en a fait un point fort sur son CV. Lorsqu'elle a quitté la pharmacie de Valence, ses compétences en PDA ont été repérées par des pharmaciens lyonnais, titulaires de la pharmacie où elle exerce aujourd'hui. « Le risque iatrogénique est présent pour la quasi-totalité des résidents que nous accompagnons. Nous échangeons régulièrement avec le médecin coordonnateur et les infirmières sur les risques d'interaction ou d'effets indésirables. Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, ce sont parfois les médecins qui nous contactent pour un avis. Le dynamisme conféré par la PDA nous permet d'établir un cercle vertueux : plus nous confirmons notre professionnalisme, plus les établissements nous identifient comme partenaire privilégié et font appel à nous », s'enthousiasme l'adjointe, qui dispose d'un bureau et d'une adresse mail professionnelle à son nom au sein de la pharmacie. « C'est indispensable pour communiquer avec les médecins, et être identifiée en tant que principal interlocuteur. »
Au-delà de la PDA, Marion Daurade est surtout la référente pour les EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), qu'il s'agisse du médicament, mais également du matériel de MAD (maintien à domicile), des compléments nutritionnels oraux ou du matériel de sondage. « On est un peu comme la pharmacie à usage intérieur de ces établissements », résume-t-elle. Pour elle, la PDA ne se limite pas à la délivrance d'un traitement reblistérisé pour une durée donnée ; c'est une forme de dispensation, distincte du comptoir, mais qui permet d'exercer pleinement l'art pharmaceutique.
Un constat partagé par Camille Devienne, adjointe à Villeurbanne, dans la région lyonnaise. Elle aussi est en charge à temps plein de l'activité de PDA : « Contrairement à la dispensation au comptoir, nous prenons plus de temps pour approfondir notre expertise sur la prescription et faire les recherches nécessaires quand un problème de iatrogénie ou d'observance est identifié avec un médicament, bien que l'activité soit intense. » Autrement dit, les adjoints en charge de la PDA font du bilan partagé de médication tous les jours.
Une entreprise dans l'entreprise
À Lyon, la pharmacie où exerce Marion Daurade emploie une vingtaine de personnes, dont dix pour l'activité de PDA. « Nous sommes deux pharmaciens à temps plein, cinq préparateurs, deux apprentis et un étudiant. Les journées s'organisent différemment par rapport à la pharmacie, avec un créneau d'ouverture plus long, dès 8 heures le matin et jusqu'à 20 heures le soir. J'ai parfois l'impression de travailler dans une structure à part », confie Marion. Dans le cadre de cette activité, l'adjointe se déplace régulièrement à l'extérieur pour rencontrer les partenaires ; elle participe à la commission gériatrique, tandis que la titulaire gère les contrats. « J'essaie de mettre en place des réunions régulières, une à deux fois par an, avec les équipes de soins. L'objectif est de valoriser notre collaboration en identifiant ce qui fonctionne, ou ce qui pose problème. La titulaire me fait confiance et c'est ce qui me plaît dans cette activité : une autonomie dans les initiatives. »
À Villeurbanne, Camille Devienne est en charge de la PDA depuis 5 ans, poste qu'elle partage avec un autre pharmacien. « Nous nous relayons au cours de la journée pour assurer une présence pharmaceutique continue. L'équipe compte en outre six préparateurs, dont un s'occupe plus spécialement des commandes, trois étudiants qui participent à l'étape de déblistérisation et un apprenti. » Dans cette pharmacie, le pôle PDA installé dans les murs de l'officine bénéficie d'un espace clos d'une superficie plus grande que l'espace client. « Il arrive que nous recevions les soignants dans nos locaux, ce qui nous permet de leur montrer notre organisation. Le fait de nous rencontrer les uns et les autres renforce et simplifie notre coopération. Nous avons également accès aux logiciels des EHPAD, pour consulter des informations pratiques comme le numéro de chambre du patient ou des données plus médicales comme les analyses biologiques, sans avoir à déranger les équipes des établissements. »
La recherche d'une amélioration continue
Au fil des années, les deux adjointes ont fait évoluer leur pratique pour optimiser la qualité de la prestation. « Depuis mon arrivée, nous avons mis en place la réalisation de piluliers directement dans certains EHPAD où nous nous rendons chaque semaine, ceci en complément de la PDA pratiquée à l'officine. Il est nécessaire de s'adapter aux besoins des partenaires », commente Marion Daurade.
« Il y a toujours des petites choses à améliorer. Récemment, nous avons fait adopter le port de la charlotte dans la zone PDA », confie Camille Devienne. Pour l'une comme pour l'autre, l'autonomie que leur laissent les titulaires pour gérer cette activité est réellement valorisante : « la relation employeur/employé est évidemment différente ; nous échangeons régulièrement tant sur la partie technique que sur l'aspect médical et la relation avec les partenaires. »
Une activité qui ouvre de nouvelles perspectives
À Lyon comme à Villeurbanne, le service de PDA cible principalement les EHPAD et des centres d'accueil de personnes handicapées. La PDA en ambulatoire reste encore confidentielle en comparaison des 1 500 à 2 000 résidents bénéficiant de ce service. Avec une vingtaine d'établissements partenaires pour chaque pharmacie, Marion Daurade et Camille Devienne n'ont pas le temps de s'ennuyer. « Il y a énormément de travail. Un troisième pharmacien ne serait pas de trop pour permettre de développer des nouvelles interventions comme le bilan partagé de médication au sein des EHPAD prévu dans l'avenant 19 », témoigne l'adjointe lyonnaise. Si l'activité de PDA lui plaît, elle ne souhaite pas s'enfermer dans cette spécialité : « le conseil auprès des patients me manque un peu ; dans l'idéal, j'aimerais me partager entre le comptoir et la PDA. D'ailleurs, je me suis formée à la vaccination. » De son côté, Camille Devienne est consciente de sa spécialisation en tant que pharmacienne PDA : « Je m'en suis rendu compte lors de mon congé maternité ; il a fallu prendre un pharmacien remplaçant et le former à la PDA et à nos pratiques internes. Pour l'entreprise, c'est un engagement financier important. »
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