ELLE EST devenue une coqueluche des médias. Au lendemain de l’émission « Paroles de Français », sur TF1, qui l’a mise face à Nicolas Sarkozy, Fatiha Djegaoud est assaillie par les coups de fil. Cette titulaire niçoise de 62 ans a été contactée début février par la chaîne. Elle a tout de suite accepté l’invitation, comme huit autres personnes, pour incarner un thème de société sur lequel le chef de l’État devait s’exprimer. Après l’hôtel, vendredi matin, elle file en taxi vers la radio RMC, avant d’être reçue sur les plateaux de France 5. « Je n’ai même pas eu le temps d’appeler mes proches pour savoir ce qu’ils en ont pensé », confie la pharmacienne. Ses impressions à elle, sont mitigées. Elle a aimé converser avec le chef de l’État. « Il a peut-être des défauts mais il a été gentil et très prévenant vis-à-vis de nous. Il est venu me saluer comme s’il me connaissait déjà. Je crois qu’on lui avait raconté mon histoire. » Fatiha a également eu une conversation très courtoise avec l’épouse du président, Carla Bruni, qui l’a félicité pour sa prestation. Toujours côté coulisses, l’ambiance était bonne et détendue, avec les autres « Français témoins », qui ont partagé ensemble un bon déjeuner, raconte-t-elle.
Quelques instants avant l’émission, le président les a invités à poser toutes les questions qu’ils voulaient. Mais les interventions avaient été auparavant cadrées par la chaîne, afin que chacun ait son « temps d’antenne ». En direct devant quelque 8 millions de téléspectateurs, la pharmacienne ne se montre guère impressionnée. Elle avait prévenu : s’il le fallait, elle n’hésiterait pas à se fâcher. Fatiha est restée calme et très concentrée. Elle est la première à se lancer, abordant le sujet de l’insécurité dont elle peut parler en connaissance de cause. Début janvier, son officine installée dans le quartier sensible des Moulins à Nice a été braquée pour la quatrième fois en moins de deux mois. Un individu cagoulé et armé a menacé l’équipe et s’est emparé de 280 euros. Il a lancé des pavés dans la vitrine. Lors de la précédente attaque, fin décembre, l’assaillant avait jeté la titulaire au sol. « La croix verte ne marche pas, la vitrine est brisée, la porte est détériorée, mais je n’ai jamais fermé », affirme t-elle au président.
Pas dupe.
Nicolas Sarkozy lui répond d’abord que les forces de l’ordre ont agi puisque l’auteur des faits, un mineur, a été arrêté après cette série d’agressions. Le chef de l’État développe ensuite ses solutions pour contenir l’insécurité. Attentive, la pharmacienne renchérit sur l’importance de la prévention, selon elle une oubliée du dispositif. « La connaissance de l’autre est à la base de toute action. À l’officine, on a un rôle au plan social, on est proches des gens, je parle leur langue » rappelle cette professionnelle de proximité, évoquant ses racines algériennes. Une part d’elle-même qui lui tient aussi à cœur et lui permet de glisser quelques mots sur la Tunisie ou sur la situation des populations immigrées. « Comment s’intégrer quand on se retrouve tous ensemble, avec peu de moyens, dans le même quartier ? », interroge t-elle avec pudeur.
Fatiha voulait aussi parler du pouvoir d’achat, de la difficulté de trouver un emploi. Elle avait également son mot à dire sur les sujets du Mediator et de la dépendance. « J’étais comme à l’école, attendant qu’on me donne la parole. Mais il faut être correct et laisser parler les autres. » Au final, elle se déclare frustrée par son échange avec le chef de l’État, même si elle n’était pas dupe. « Ses réponses ont souvent été trop longues et déjà connues. L’émission lui était principalement réservée. » Lui faisant part de sa déception, en aparté, elle reçoit cette promesse de Nicolas Sarkozy : « il faut qu’on se revoit ». Elle aurait voulu lui dire que les solutions passent aussi par l’officine. « Le président avait devant lui un pharmacien. Il aurait dû en profiter. Je voulais parler de notre travail, de l’éducation thérapeutique, de l’observance et de la pharmacovigilance. » Des sujets qu’elle réserve pour ses interventions médiatiques du jour. Mais il n’est pas sûr, cette fois encore, qu’on lui en donne vraiment l’occasion.
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