Cancer du sein hormonodépendant

La piste de l’acide rétinoïque

Publié le 09/07/2009
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Une nouvelle piste thérapeutique

Une nouvelle piste thérapeutique
Crédit photo : S Toubon

AU COURS du cancer du sein, les estrogènes et l’acide rétinoïque jouent à la balançoire à bascule. Quand l’un favorise la prolifération cellulaire, l’autre l’inhibe. C’est le constat de chercheurs de Chicago, Kevin White et coll., qui ouvre la porte à de nouvelles cibles thérapeutiques dans cette affection.

L’équipe américaine travaille sur les actions des récepteurs nucléaires et comment ils contrôlent diverses hormones. Au cours de leurs travaux, publiés dans la revue « Cell », ils ont concentré leur attention sur les récepteurs de l’acide rétinoïque, déjà associés à une activité antiproliférative sur les cellules du cancer mammaire. Grâce à une technologie combinant deux méthodes, ils ont pu cartographier les effets de l’acide rétinoïque sur les gènes de cellules cancéreuses estrogénodépendantes.

Ils ont découvert que 39 % des régions du génome liées aux récepteurs aux estrogènes alpha se mêlent à celles liées à l’acide rétinoïque. Ils ont également constaté que, souvent, les liaisons aux récepteurs aux estrogènes ou à l’acide rétinoïque s’excluent mutuellement. Ce qui veut dire que les deux hormones entrent en compétition pour activer ou réprimer un même gène. Cependant, dans l’ensemble, les deux voies de signalisation se montrent antagonistes. Les estrogènes augmentent l’expression de 139 gènes que l’acide rétinoïque réprime. Une situation inverse est constatée pour 185 gènes. Sur 140 gènes, enfin, les deux molécules ont une action similaire. Les chercheurs ont constaté de plus que certaines versions des récepteurs aux deux hormones peuvent s’activer mutuellement.

Un nouvel outil pronostique.

Cette compétition entre les deux voies de signalisation fournit, en pratique, un nouvel outil pronostique. L’équipe l’a testé sur 295 échantillons de cancer mammaire. Ils ont comparé l’action de l’acide rétinoïque à celle enregistrée dans leur étude initiale sur une lignée de cellules cancéreuses typiques. Meilleure était la réponse cellulaire au dérivé de la vitamine A, meilleur était le pronostic de survie sans rechute des patients. Certains des gènes sensibles à l’acide rétinoïque étaient exprimés, même dans les tumeurs de traitement difficile.

Si le dérivé de la vitamine A semble donc plein de promesses thérapeutiques, il apparaît relativement toxique et provoquerait des résistances. L’idée serait donc de développer des molécules visant les mêmes cibles pour contourner cet obstacle de la tolérance.

Cell, 25 juin 2009.
› Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2679