Ce concept, né à l'aube des années 2000, revient sur le devant de la scène avec le premier essai randomisé à large échelle en prévention majoritairement primaire. Cette étude a été menée en Iran au sein de la cohorte Golestan, chez 6 838 individus âgés de 40 à 75 ans vivant en zone rurale.
Modifier le mode de vie pour tous
Ici, la polypill consistait en l'association de 2 antihypertenseurs (hydrochlorothiazide, 12,5 mg ; énalapril, 5 mg), d'aspirine (81 mg) et d'une statine (atorvastatine, 20 mg). Les deux groupes bénéficiaient d'interventions non médicamenteuses : conseils diététiques (moins de sel, de gras et de sucre, activité physique, contrôle pondéral, arrêt du tabac et de l'opium)
Dans « The Lancet », l'équipe montre qu'il existe une réduction d'un tiers à 5 ans de la survenue d'accidents cardiovasculaires majeurs (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque) dans le groupe polypill par rapport au groupe avec interventions sur le mode de vie.
Près de 90 % (89,2 %) des participants n'avaient pas d'antécédent cardiovasculaire, la très grande majorité étant ainsi traitée en prévention primaire. Parmi les 737 sujets (10,8 %) traités en prévention secondaire, 588 (79,8 %) suivaient un traitement cardio-vasculaire, soit 8,6 % de l'ensemble des participants.
Traiter 35 sujets pour éviter 1 événement grave
Au cours du suivi, 301 (8,8 %) des 3 417 participants du groupe témoin ont eu un événement cardiovasculaire par rapport à 202 (5,9 %) des 3 421 du groupe polypill. Selon l'étude, il faut traiter 35 individus par polypill pour empêcher un événement cardio-vasculaire grave. En ajustant les résultats sur la prise d'autres médicaments cardio-vasculaires que ceux de l'essai, l'effet protecteur baisse à 22 % (versus 34 %) et reste significatif. Dans ce large essai pragmatique en population, l'adhérence en médiane à la polypill s'est révélée élevée à 80,5 %. Quand l'analyse était restreinte au groupe le plus observant, la réduction d'événements était encore plus grande, le nombre de sujets à traiter pour éviter un événement passant à 21.
« Mais la polypill n'est pas une alternative à un mode de vie sain, insiste le Pr Reza Malekzadeh de la faculté de médecine de Téhéran et auteur principal. Et elle devrait être associée à l'activité physique, une alimentation équilibrée et l'arrêt du tabac ».
Alors que l'utilisation de l'aspirine en prévention primaire n'est pas consensuelle, cette étude rapporte un risque hémorragique similaire dans les 2 groupes (21 hémorragies intracrâniennes dans le groupe polypill et 11 dans l'autre, 13 hémorragies digestives hautes et 9 dans l'autre).
« Parce que les risques d'événements secondaires liés aux composants sont très faibles et les bénéfices potentiels très élevés, la polypill est très sûre », estime le Pr Reza Malekzadeh.
Une option dans les pays pauvres
Il faut préciser que, dans ce travail, les sujets à haut risque de saignement étaient exclus de l'essai. Et dans l'éditorial, le Pr Anushka Patel, de l'université de Nouvelle-Galles du Sud à Sydney, suggère de réserver l'aspirine en prévention primaire aux sujets à haut risque cardio-vasculaire.
La polypill est une option économique très séduisante, en particulier dans les pays en développement, l'étude ne permettant pas de généraliser à d'autres populations. « Plus des trois quarts des 18 millions de personnes décédant chaque année d'une maladie cardio-vasculaire vivent dans les pays à revenus faibles ou moyens », souligne le Dr Nizal Sarrafzadegan, de l'université d'Ispahan.
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