Le mouvement des gilets jaunes a été accueilli très favorablement par près de quatre citoyens sur cinq, par des médias fascinés et par des partis d'opposition qui n'osaient pas espérer une telle aubaine. Les mêmes se sont ensuite efforcés d'établir une distinction claire entre gilets et casseurs, manifestants pacifiques et voyous professionnels, aspirations populaires justifiées et incendiaires dépourvus de tout scrupule. Divisés, bourrés de contradictions, incapables de nommer des représentants qui auraient négocié avec le gouvernement une gestion plus pacifique de la crise, les gilets jaunes n'ont réussi à occuper durablement la scène politique que parce que toutes leurs manifestations incluaient le risque d'un dangereux dérapage, dont un premier exemple fut fourni par celle du 1er mai dernier, pourtant encadrée par les syndicats.
Une autre « provocation » du président a consisté à déclarer que l'Etat dépense un « pognon de dingue » pour les prestations sociales, réflexion qui a été accueillie par un dénigrement national qui est aussi un déni. L'Etat dépense pourtant 715 milliards pour la santé, la retraite, l'aide au logement, les allocations familiales, le revenu minimum et une myriade d'aides pléthoriques et diverses dont bénéficient forcément ceux qui ont revêtu le gilet puisqu'ils se plaignent de ne pas pouvoir boucler leurs fins de mois. Peut-on dire que Macron a réduit le montant de cette dépense qui représente plus de 32 % du produit intérieur brut (un tiers de toute la richesse que nous produisons en une année) ? Non. Il a transféré un certain nombre de cotisations sur la CSG et il a effectivement pénalisé les retraités. Il n'a pas réduit d'un euro le montant des versements effectués au titre de la solidarité nationale.
Bien entendu, le smic est insuffisant, les revenus de remplacement sont très bas, les cas individuels de mal-logement ou de difficultés pécuniaires nombreux. Mais le président n'est pas le fossoyeur du fameux « modèle social », qui mérite bien son nom puisque c'est le plus coûteux d'Europe et probablement du monde. Sans doute beaucoup de nos concitoyens estiment-ils qu'ils sont pauvres mais, dans un pays où les dépenses de l'Etat atteignent 55 % du PIB, on n'est pas loin d'entrer dans un système qui relèverait davantage d'une expérience collectiviste que de l'économie de marché, celle-là même qui fonctionne dans toute l'Europe et dans le reste du monde, si l'on met de côté la grotesque gestion du Venezuela.
Le seuil de pauvreté n'a pas bougé
L'objectif d'Emmanuel Macron consistait à diminuer les charges des entreprises pour qu'elles retrouvent leurs marges et les cotisations des salariés pour qu'ils regagnent du pouvoir d'achat. C'est cette réforme que les gilets jaunes veulent supprimer définitivement. Si l'Etat pouvait discuter avec eux, il leur expliquerait qu'une hausse exponentielle des prestations sociales est insoutenable parce que la vraie économie se situe dans l'investissement et la production ; qu'il est conscient des inégalités existant dans notre pays mais qui, en dépit de la crise terrible de 2008, ne se sont pas accentuées puisque la proportion de personnes situées au dessous du seuil de pauvreté est de 14 %, un pourcentage qui n'a pas varié depuis le début du siècle et que les experts ne contestent pas ; et que, contrairement à ce qu'ils croient, il ne passe pas son temps à faire des cadeaux aux riches, il les conforte, eux et leurs entreprises, dans l'idée qu'il fait bon produire en France. Sans les entreprises, pas d'emplois, pas d'impôts, pas de prélèvements sociaux, pas de redistribution d'argent aux plus démunis. Les gilets jaunes peuvent prendre l'Elysée d'assaut, ils peuvent se croire en 1789, ils peuvent laisser les anarchistes de tout bord démolir la capitale et bloquer l'activité économique, il ne leur restera, au moment de leur victoire, que les yeux pour pleurer.
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