LE PROJET SERA DONC SOUMIS par des députés UMP à leurs collègues de l’Assemblée. Il arrondira les angles considérablement en prenant le nom de « possibilité offerte de travailler le dimanche », ce qui exclut toute contrainte. Il ne s’appliquera pas partout, mais dans seulement 500 communes, dont Paris, Marseille et Lille, mais pas Lyon, allez savoir pourquoi. Il ne s’agit plus d’augmenter l’offre de consommation mais de permettre essentiellement aux commerces situés « dans des zones touristiques d’affluence exceptionnelle ou d’animation culturelle permanente » de gagner un peu d’argent et surtout de créer des emplois.
L’hostilité au travail dominical est l’attitude d’une immense majorité de Français. Le président de la République s’est heurté non seulement à la gauche et aux syndicats, non seulement à l’Église catholique, mais à de nombreux élus UMP, qui voient dans la réforme un danger pour leur réélection. Le consensus est si large en France contre le travail dominical qu’un politicien prudent, ou simplement sensible au point de vue de la majorité, aurait renoncé au projet. En même temps, les arguments invoqués contre la réforme témoignent d’un conservatisme éhonté. On évoque la tradition française comme si notre société n’était pas en pleine évolution sous l’effet de la mondialisation, de l’immigration, d’Internet, de la récession et comme si l’adaptation à tous ces nouveaux facteurs n’était pas indispensable. On trouve tout naturel que près de trois millions de salariés français travaillent le dimanche parce qu’ils exercent des métiers où tous les jours sont ouvrés, hospitaliers, médecins et soignants, journalistes, employés du métro et de la SNCF, d’EDF et de GDF et de beaucoup d’autres métiers où la sécurité ne supporte aucun hiatus, mais que plus de 10 % de la main d’œuvre française constituent une exception.
On comprend mieux les évêques qui veulent maintenir le jour du Seigneur, mais ils ont bien accepté que les infirmières ne le respectent pas. On comprend moins bien les syndicats qui voient dans le projet un complot pour augmenter la durée hebdomadaire du travail, mais ne comprennent pas que, quand l’offre de consommation augmente, la consommation augmente aussi et crée des emplois, fort précieux en temps de crise. On ne comprend pas du tout que les gens en général, que rien ne contraindra à travailler le dimanche s’ils ne le veulent pas, refusent de donner une chance à la croissance et à ceux qui cherchent un emploi.
Une quetsion de mentalité nationale.
Le gouvernement, au demeurant, semble avoir compris les objections qui lui ont été faites à droite et à gauche, dès lors qu’il propose un projet beaucoup moins ambitieux que le précédent. M. Sarkozy, et sur ce point il a raison, préfère une petite réforme que pas de réforme du tout. Car il est clair que, dans ce domaine, il y a une sorte de verrou mental à faire sauter, un attachement désespéré à une époque révolue, lorsque tout se passait dans l’harmonie la plus parfaite ; on travaillait, on n’était pas dans le besoin, en tout cas pas dans les classes moyennes, on se reposait deux jours sur sept, on avait des vacances. Peu de gens semblent deviner que le retour à l’aisance de naguère n’est possible que si les Français fournissent un effort ; et le plus extraordinaire, peut-être, c’est que la crise qui les inquiète tant ne les inquiète pas au point qu’ils changeraient leurs habitudes pour essayer d’échapper aux dangers les plus immédiats.
On n’arrête pas, dans ce pays, de dénoncer l’individualisme, l’appât du gain, une société trop matérielle. Mais rejeter le travail dominical, c’est l’attitude de ceux qui ont été épargnés à ce jour par le chômage et qui ne veulent même pas courir le risque à long terme de devoir à leur tour travailler le dimanche parce que l’idée serait entrée dans les mœurs. Qui, en conséquence, veulent conserver une tradition dont eux-mêmes, mais pas ceux qui ne connaissent pas le repos dominical, sont les bénéficiaires. Il ne s’agit pas du tout d’une affaire qui oppose la droite à la gauche, le gouvernement à l’opposition, ou les conservateurs aux progressistes. Il s’agit d’une mentalité nationale complètement figée et insensible aux chocs qui ont ébranlé notre société.
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