Pour apprécier les sueurs froides au cœur de l’été indien, rien ne vaut un Jo Nesbo, ce maître du thriller scandinave. Dur, complexe et déchirant, « le Couteau » (1), son douzième opus, met en scène l’inspecteur dépressif et cynique Harry Hole et la poursuite effrénée d’un serial killer qui s’attaque aux femmes. Retombé dans l’alcool après que la femme de sa vie l’a quitté et cantonné aux cold cases à la police criminelle d’Oslo, Hole se réveille un matin les mains couvertes du sang d’un autre. Commence une enquête en solo truffée de fausses pistes et de rebondissements, de doutes et d’interrogations, qui plongent encore plus le malheureux flic dans les tourments et maintiennent le lecteur dans une tension extrême.
Politique et génétique
Inventée par le Suédois Stieg Larsson, qui en a fait une trilogie culte à partir de 2005, la saga « Millénium » a été poursuivie avec succès en 2015 par son compatriote David Lagercrantz. Après « Ce qui ne me tue pas » et « la Fille qui rendait coup sur coup », ce dernier conclut sa propre trilogie avec « la Fille qui devait mourir » (2). Ce « Millénium 6 » reprend les personnages de la hackeuse punk Lisbeth Salander – à Moscou, où elle a l’intention de régler ses comptes avec sa sœur Camilla – et du journaliste Mikael Blomkvist – dont l’enquête sur les usines à trolls russe est bousculée par le cas d’un SDF retrouvé mutilé dans un parc à Stockholm. On entre dans une intrigue complexe, aux ramifications mêlant la vie privée des héros à des faits du passé et un cocktail toujours d’actualité de scandales politiques, jeux de pouvoir et technologies génétiques. Un feu d’artifice.
Jamais deux sans trois. Si « les Chiens de Detroit » et « le Douzième Chapitre » ont révélé la maîtrise de Jérôme Loubry dans l’écriture noire, « les Refuges » (3) confirme son aisance dans le thriller psychologique et sa dextérité à nous perdre dans les méandres d’histoires mêlées, qui prennent ici racine dans trois périodes, 1949, 1986 et 2019. Que Sandrine, jeune journaliste, soit amenée à vider la maison de sa grand-mère, qui habitait sur une île minuscule non loin de la côte normande et qu’elle soit retrouvée quelques jours plus tard errant sur une plage du continent, ses vêtements couverts de sang, n’est qu’une entrée en matière classique pour une histoire aussi effroyable que touchante.
Dans « Complot », le précédent roman de Nicolas Beuglet, Sarah Geringën était une inspectrice des forces spéciales chargée de retrouver l’assassin de la Première ministre. Dans « l’Île du Diable » (4), elle est surtout une femme qui, en découvrant la terrifiante mise en scène du crime dont son père a été victime, comprend qu’il n’était pas l’homme qu’il prétendait être. Des forêts obscures de Norvège aux plaines glaciales de Sibérie, l’auteur nous entraîne, en s’appuyant sur un événement qui s’est déroulé sur le continent européen dans les années 1930, dans une incroyable affaire de vengeance. Autour des thèmes des troubles de la personnalité et de l’épigénétique.
Dossiers rouverts
Nouveau venu sur la scène du polar mais remarqué dès « la Fille sous la glace », puis « Oiseau de nuit », le Britannique Robert Bryndza tisse l’intrigue de « Liquide inflammable » (5) autour de l’enlèvement d’une enfant de 7 ans dont les ossements sont retrouvés plus d’un quart de siècle plus tard. C’est à nouveau l’inspectrice Erika Foster qui dirige l’enquête, à sa demande. Elle devra franchir bien des obstacles, entre l’effervescence médiatique, la pression de sa hiérarchie, le comportement étrange des parents de la victime, le manque d’indices, l’intervention d’un homme qui semble prêt à tout pour empêcher la vérité de faire surface. Un suspense bien ficelé.
Comptant parmi les nouvelles voix féminines du roman policier – Comme de longs échos » a été plusieurs fois primé –, Elena Piacentini délaisse, dans « Vaste comme la nuit » (6), son héros favori, le flic corse ténébreux Leoni, pour la capitaine de police Mathilde Sénéchal, hantée par un traumatisme dont elle n’a jamais trouvé les clés. Son retour sur les lieux de son enfance, dans un village non loin de Dieppe, pour rouvrir une enquête vieille de trente ans, va-t-il la mettre au pied du mur ?
« Pour seul refuge » (7), le premier roman de Vincent Ortis, a reçu le premier Grand Prix des Enquêteurs (élu parmi 150 manuscrits par 12 professionnels représentant chacun un maillon essentiel de l’investigation policière). Un thriller à l’américaine, qui a pour cadre les montagnes du Montana. Lorsque la voiture du juge McCarthy tombe en panne un soir de pluie sur la nationale qui traverse l’État et qu’il est secouru par un policier de Cheyenne, on ne s’attend pas aux terribles événements qui vont se dérouler à plus de deux mille mètres d’altitude. La vengeance est au centre d’un récit qui se nourrit de surprises et d’indices astucieusement répartis. Au lecteur de jouer.
Deuxième tome de la série de Joseph Knox « Aidan Waits », après « Sirènes » (finaliste du prix des Lectrices de « Elle »), « Chambre 413 » (8) a été inspiré par un fait-divers qui s’est déroulé en Australie. Un homme est retrouvé mort dans une chambre d’un palace désaffecté. Il sourit. On a fait en sorte qu’il soit impossible à identifier, le seul indice est un message cousu à l’intérieur de son pantalon, où il est écrit en perse « Terminé ». Aidan Waits, qu’on a privé de son identité puisqu’il est orphelin, doit ainsi enquêter sur un homme à qui on a aussi enlevé l’identité. Coïncidence ou machination ?
(1) Gallimard, 602 p., 22 €.
(2) Actes Sud, 367 p., 23 €.
(3) Calmann-Lévy, 393 p., 19,90 €.
(4) XO Éditions, 309 p., 19,90 €.
(5) Belfond, 409 p., 19,90 €.
(6) Fleuve Éditions, 307 p., 19,90 €.
(7) Robert Laffont/« le Figaro Magazine », 317 p., 13,90 €.
(8) Éditions du Masque, 411 p., 21,50 €.
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