« J’aimerais disposer, comme les pompiers de Nontron, d’une valise de télémédecine », confie Ghislaine Laur, titulaire à Bergerac, en Dordogne.
En effet, à Nontron, les pompiers peuvent embarquer une valise de télémédecine à bord de leur véhicule d’intervention d’urgence. Le dispositif, doté d'une liaison 4G, transmet les images et données en temps réel sur l'état de santé d'un patient lors d’une intervention. Il peut également être relié à certains appareils médicaux comme un stéthoscope électronique, ou encore un électrocardiogramme, un laboratoire d’analyses biologiques déporté, etc. Cette valise high-tech est utilisée par les pompiers de la ville depuis novembre 2017, et permet d’assurer une liaison en direct avec les médecins des urgences de l’hôpital de Périgueux.
En pratique, la valise va filmer le patient (sous réserve de son accord) sur le lieu de la prise en charge par les pompiers, et retransmettre les images et les données médicales à l’hôpital de Périgueux. Ces éléments seront alors examinés immédiatement par les médecins urgentistes, qui effectueront un prédiagnostic et donneront des indications concernant la conduite à tenir, ou décideront du rapatriement du patient à l’hôpital.
Lutter contre les déserts
L’objectif est bien entendu de répondre à la désertification médicale, sachant que Nontron est à 45 minutes de route des urgences. Mais à Bergerac, la valise rouge pourrait également avoir son utilité, au sein de pharmacies. Ghislaine Laur en est persuadée. « Nous avons perdu une vingtaine de médecins en quinze ans et aujourd’hui, la quinzaine de médecins généralistes de notre zone réalisent 1 500 ou 2 000 actes par mois, ils sont épuisés et refusent de nouveaux patients. C’est difficilement supportable. Alors pourquoi ne pas avoir recours à une valise de télémédecine ? » D’autant plus que celle-ci possède de nombreux avantages par rapport à une cabine de télémédecine : un coût moindre (de 20 000 à 100 000 euros selon son équipement, contre environ 250 000 euros pour une cabine) et le fait qu’elle soit transportable, ce qui permet d’investir à plusieurs officines dans l’achat d’une valise. « On peut aussi la prêter à une infirmière afin de réaliser une consultation au domicile du patient », ajoute Ghislaine Laur. La pharmacienne est prête à relever le défi, ainsi que deux autres confrères de sa connaissance, et déjà trois médecins seraient partants pour effectuer les consultations à distance.
Mais avant de se lancer, le problème de la rémunération de la téléconsultation doit être réglé. Rien ne pourra être mis en place avant le 15 septembre 2018, date qui signera le coup d’envoi de la téléconsultation et en fixera les tarifs (identiques à ceux d’une consultation de visu, entre 25 et 30 euros selon les cas). Dans cette attente, la titulaire avance sur le dossier : « j’ai déjà trouvé un financement pour acheter une valise avec deux autres confrères, via un prêt bancaire », avance-t-elle. Côté organisation de la téléconsultation, Ghislaine Laur a déjà sa petite idée : les pharmaciens achèteraient la valise en commun et la mettraient à disposition chacun à leur tour, en fonction des besoins, dans leur officine. Les patients régleraient 6 euros pour la téléconsultation ainsi que les médecins, afin de participer aux frais. Désormais, les honoraires étant fixés, le patient sera remboursé de la téléconsultation. Ghislaine Laur prépare son dossier à l’agence régionale de santé (ARS) et a fait part de son projet à l’URPS, ainsi qu’au président de la Chambre syndicale des pharmaciens de Dordogne, Jean-Baptiste Chemille (FSPF). Elle compte bien être prête à démarrer son projet ces prochains jours.
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