Le président de la République peut effectivement être gêné aux entournures par l'affaire Ferrand dont le principal intéressé ne parvient pas à endiguer les conséquences, d'autant que lui aussi a salarié son fils pendant six mois, ce qui rappelle l'affaire Fillon. Au moment où François Bayrou, ministre de la Justice, prépare avec ardeur sa loi de moralisation de la vie politique, le cas Ferrand devient très encombrant. Ministre de la Cohésion sociale, Richard Ferrand est une pièce majeure du dispositif mis en place par le président. C'est lui, bien plus que M. Macron, qui s'est heurté frontalement à François Bayrou, lorsque le président du MoDem a réclamé plus de sièges pour son parti, ce qui lui a valu un vif refus de M. Ferrand, chargé alors des investitures. Il a fallu l'intervention personnelle du chef de l'Etat pour que M. Bayrou obtienne satisfaction.
Aujourd'hui, le ministre de la Justice qu'est devenu M. Bayrou est chargé de la préparation d'une loi sur la moralisation de la vie publique. Il la souhaite aussi stricte que possible, mais il ne veut pas être accusé de se venger de M. Ferrand à cette occasion. Il demeure que le contentieux entre les deux hommes est lourd et on peut craindre que l'entêtement de M. Ferrand à faire campagne pour son propre compte et à garder ses prérogatives au sein de la République en marche ne se transforme en abcès de fixation, alors même que la bataille des législatives s'annonce comme particulièrement dure. Pour citer un précédent, en 2007, quand Jean-Louis Borloo a évoqué la TVA sociale, l'UMP aurait perdu une cinquantaine de sièges. Il s'était exprimé en plein campagne des législatives après la victoire de Nicolas Sarkozy.
Cependant, l'opinion constate que le nouveau président travaille, qu'il tient ses promesses, qu'il affronte les syndicats, qu'il suit le calendrier des événements diplomatiques et qu'il ne s'accorde aucun répit. Sur la réforme du travail, il a immédiatement engagé les premiers contacts avec les organisations syndicales et, ô miracle !, la réaction initiale de ses interlocuteurs est plutôt positive, alors qu'ils se sont tous rendus à l'Elysée avec l'intention d'en découdre. A n'en pas douter, le président a mis de l'eau dans son vin, en expliquant aux chefs syndicaux que son intention était de les associer à la réforme. Comment il va obtenir leur approbation pour un texte bien plus novateur que la loi El Khomry, c'est un mystère, dont seul M. Macron connaît les mécanismes.
Toutefois, il en va de son action comme de sa conquête du pouvoir. Emmanuel Macron a mis en place une sorte de machine irrésistible qui broie sur son passage les pires obstacles. Il a été élu, n'est-ce pas ?, alors qu'on le connaissait à peine, il y a un an. Mais il a été élu parce qu'il a fait une offre politique à un peuple assoiffé de changement et exaspéré par les luttes partisanes. Dans ces conditions, et malgré la violence des propos de campagne, il est bien peu probable que le même peuple ne donne pas au président la majorité dont il a besoin pour accomplir ses réformes, alors que c'est au nom de celles-ci qu'il a été élu.
L'explosion des partis classiques
L'analyse la plus courante des résultats de la présidentielle porte sur le niveau de l'opposition contre Macron tel qu'il s'est exprimé au premier tour. Mais cette analyse omet un paramètre important, à savoir, l'explosion des partis classiques. D'une certaine manière, M. Macron a su répondre, à sa manière, à la demande exprimée au nom du populisme. Il s'est inscrit dans le nouveau contexte politique tout en se dressant contre la France insoumise et le FN.
M. Macron ne pouvait pas prévoir que Richard Ferrand poserait un problème. Mais il a fait, en gros, un sans-faute. D'abord en recrutant un Premier ministre de droite, ensuite en limitant sa communication (excessive et inutile du temps de M. Hollande), puis en lançant plusieurs chantiers et pas des moindres, sans même attendre le résultat des législatives, enfin en se montrant actif sur les affaires intérieures, sur les questions étrangères (sa rencontre avec Donald Trump en témoigne) et sur la sécurité. Ceux qui le combattent feraient mieux de se préparer à un quinquennat dans l'opposition.
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