PIÈCES de théâtre, nouvelles, romans ou essais, le sentiment amoureux est une constante dans l’œuvre abondante d’Éric-Emmanuel Schmitt. Après avoir exploré la sexualité d’aujourd’hui sous toutes ses formes dans « les Perroquets de la place d’Arezzo », l’auteur franco-belge propose le second volet d’un diptyque sur la passion. Est-on totalement libre d’aimer, demandait-il dans « l’Elixir d’amour », paru il y a six mois. Y a-t-il une intoxication par l’amour, interroge-t-il dans « le Poison d’amour » (1), en mettant en scène le moment fragile de l’adolescence.
L’histoire se construit en effet au fil des pages des journaux intimes de quatre amies d’une classe de Première. Des amies à la vie à la mort, qui disent tout de leurs rêves et de leurs désirs, de leurs impatiences et de leurs peurs. Qui, dans le secret de leurs messages, sortent leurs griffes pour se critiquer l’une l’autre et révéler leurs jalousies, leurs intrigues et leurs trahisons. Car le chemin est tortueux pour devenir une femme. Et parfois dangereux. Dans ce lycée qui s’appelle Marivaux et où l’on s’apprête à jouer « Roméo et Juliette », les jeux tourneront à la tragédie.
Dans « le Zèbre », qui lui valut le prix Femina, Alexandre Jardin racontait comment un homme usait des stratagèmes les plus fous pour séduire à nouveau son épouse après que la routine a remplacé la passion. Avec « Juste une fois » (2),une vingtaine de livres plus tard, il revient sur le thème du regain de la première flamme amoureuse. Deux dates ponctuent le récit. En 1986, César ressent un coup de foudre pour Hannah, la jeune sœur de la femme qu’il aime et qu’il épousera dans quelques heures. Il lui propose de faire l’amour une seule fois, en vain. En 2001, alors qu’Hannah a décidé enfin de se marier, avec un homme très bien et qu’elle « aime beaucoup », César réapparaît. Sera-t-elle fidèle à sa parole ou à ses souvenirs ?
Le roman tourne ainsi autour du dilemme entre tendresse et passion, mais son originalité vient de son contexte et de sa langue. Amoureux du Québec, l’auteur a installé le récit au bord d’un lac des Laurentides et une bonne partie des dialogues est écrite en « bon québécois ». C’est dire qu’on se régale d’une tragédie qui se déroule, grâce à d’irrésistibles personnages secondaires, dans une atmosphère d’allégresse.
Roméo et Juliette.
Lorsqu’un célibataire endurci rencontre, lors d’un voyage en Thaïlande, la femme qui est pour lui l’incarnation de l’idéal féminin, lorsqu’elle répond à son amour et qu’ils s’installent à Saint-Malo pour continuer de vivre leur idylle, l’avenir semble assuré pour Romain et sa Juliette. Or Yves Jacob (« Marie sans terre », « le Fils du terre-neuvas ») a choisi pour thème de « Romain sans Juliette » (3) le délitement du couple après l’exaltation. Quand elle apprend qu’elle ne pourra pas avoir d’enfant, Juliette quitte Romain, sans lui en dire la raison. La vie reprend son cours. Mais peut-on taire la passion pour toujours ?
Agnès Ledig conjugue son métier de sage-femme avec l’écriture : son deuxième et précédent roman, « Juste avant le bonheur », s’est vendu comme un best-seller. « Pars avec lui » (4) surfe sur la même vague d’un optimisme non béat, avec des personnages attachants qui cherchent à se délivrer d’un passé douloureux et trouvent dans l’amour – toutes sortes d’amours – le désir d’aller plus loin. Les héros ont pour noms… Juliette et Roméo ! Loin de la tragédie de Shakespeare, Juliette est infirmière dans un service de réanimation, où Roméo, qui est pompier, est accueilli après avoir été grièvement blessé en sauvant la vie d’un enfant.
Bernardin de Saint-Pierre a inspiré en partie Jean-Luc Marty (« la Dépression des Açores », « Rumba »). Mais si les personnages principaux de « la Mer à courir » (5) se nomment Paul et Virginie et si une histoire d’amour se noue entre eux, il n’est pas question ici d’inceste et la romance qui se développe au cœur de bien des péripéties n’est qu’une composante d’un roman qui évoque plusieurs problèmes de société.
L’île de France dont il est question ici est la nôtre, que découvre Paul le Tahitien, venu poursuivre des études de géographie en métropole. Il croyait découvrir la capitale, il se retrouve dans sa périphérie, un territoire particulier où se côtoient d’autres parachutés de toutes les nationalités et où se développent les trafics en tout genre. Où s’élèvent aussi, jouxtant les quartiers sensibles mais tournés vers le centre-ville, les immeubles de verre des entreprises. C’est là que travaille Virginie. Appartenant chacun à un monde clos, les jeunes gens n’auraient jamais dû se rencontrer ; c’était sans compter la volonté de l’auteur, qui, pour étayer ses réflexions et sous le prétexte d’une enveloppe que l’un doit remettre à l’autre, leur donne en commun plus qu’ils n’imaginent.
(2) Grasset, 236 p., 18 euros.
(3) Presses de la Cité, 269 p., 20 euros.
(4) Albin Michel, 359 p., 20 euros.
(5) Julliard, 260 p., 19 euros.
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