En me permettant de dire que, si les Français souffrent de la pénurie de beurre, ils peuvent manger de la margarine, je me contente d'imiter Marie-Antoinette, à la différence près que je ne m'autorise aucun cynisme et que le produit de substitution est meilleur marché et bon pour la santé. Il paraît que ça va mieux, que les stocks se reconstituent, mais on craint le comportement des consommateurs, qui risquent de se jeter en masse sur un aliment dont ils ont été, pendant quelques semaines, si cruellement privés. Comme par hasard, la presse chante les louanges du beurre après l'avoir, pendant si longtemps, vilipendé. Elle lui découvre, à la suite de la médecine, des vertus insoupçonnées : on ne vous encourage à dévorer que ce que devient introuvable, étant entendu que ce qui manquera après le beurre, c'est l'argent pour le payer. Il y 40 ans, les réglements européens avaient entraîné l'accumulation d'immenses stocks de beurre placés au frais dans de monumentaux frigos communautaires pour empêcher le prix de s'effondrer. Aujourd'hui, les Français sont prêts à payer plus pour obtenir cette denrée, pourtant moins facile à étaler sur les tartines que son succédané.
Humeur
Le beurre de la peur
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Publié le 16/11/2017
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Richard Liscia
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3389
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