En cinq ans, les chiffres du chômage en pharmacie ont atteint des niveaux alarmants. Selon une étude réalisée par l’Observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL), 3 280 pharmaciens adjoints étaient enregistrés comme demandeurs d’emploi auprès de Pôle Emploi fin 2014, soit 11,2 % de cette catégorie professionnelle. Cela représente une hausse de 60 % depuis 2009. L’emploi plonge inexorablement par paliers de 10 % chaque année.
Les préparateurs boivent également la tasse, mais de manière moins critique. Entre 2009 et 2014, leur taux de chômage a augmenté d’environ 35 %. « Le mouvement de concentration des officines participe mécaniquement à l’érosion de l’emploi. Les adjoints sont les premiers sur la sellette en cas de mesures de licenciement économique consécutives aux cessions et aux regroupements », explique Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral de FO-pharmacie. Une tendance nette que confirme Armand Grémeaux, directeur du cabinet de recrutement Pharm-Emploi basé en Ile-de-France : « les titulaires cherchent davantage à embaucher des préparateurs. Ils coûtent moins chers et peuvent assurer la dispensation des médicaments. » Le numerus clausus en pharmacie ne garantit plus la sécurité de l’emploi ! L’accès au métier a beau être verrouillé, il n’en est pas moins précaire. Le constat est particulièrement préoccupant pour les jeunes diplômés.
Disparités régionales
Les tranches d’âge les plus touchées sont d’abord les 25-35 ans, puis, dans une moindre mesure, les plus de 50 ans. Géographiquement, l’étude de l’OMPL révèle des disparités, avec des écarts variant du simple au double. Les deux régions les plus préservées, la Picardie et la Bourgogne, affichent un taux de chômage des pharmaciens d’environ 7 %. À l’autre bout de l’échelle, l’Aquitaine et les Pays de la Loire touchent le fond avec des taux supérieurs à 15 %. Au total, dix régions métropolitaines dépassent le taux national.
La taille de l’entreprise fait également partie des critères d’exposition. Le risque de perdre son emploi est plus significatif dans les petites officines. Ce sont à la fois les plus nombreuses et les plus fragiles. Quand la rentabilité et le chiffre d’affaires coulent, la réduction du personnel est la première mesure de sauvetage pour rééquilibrer la trésorerie. « La masse salariale représente le plus gros poste de dépenses des entreprises », souligne Armand Grémeaux. Les effets de seuils liés à la réglementation peuvent aussi expliquer ce phénomène. Les officines dont le chiffre d’affaires annuel hors taxes est inférieur à 1,3 million d’euros ne sont pas tenues d’avoir un adjoint. La pression économique s’amplifie. Pour garder la tête hors de l’eau, « les adjoints effectuent des missions d’intérim, des remplacements, agrandissent leur périmètre de prospection, et font des concessions sur les horaires », poursuit Armand Grémeaux. Décrocher un CDI n’est même plus une garantie de stabilité : 48 % des adjoints ayant connu une période de chômage étaient en CDI.
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