SI M. LONGUET avait voulu achever ce qu’il restait de soutien à la droite avant le scrutin des régionales, il n’aurait pas mieux fait. Il n’existe qu’une raison pour que M. Boutih n’obtienne pas la présidence de la HALDE, la seule que M. Longuet, dans son embarras, n’a pas su dire : c’est que l’UMP en a assez des nominations qui la tiennent à l’écart et correspondent uniquement à une politique d’ouverture que Nicolas Sarkozy poursuit contre vents et marées. Si le sénateur s’était contenté d’exprimé l’amertume de la droite, ses propos seraient passés comme une lettre à la poste. Dès lors qu’il a utilisé l’incompréhensible expression de « corps traditionnel français », on serait presque tenté de mettre dans sa bouche des mots plus simples, comme
« Malek Boutik est disqualifié en tant qu’arabe et socialiste ».
Gérard Longuet, récemment blanchi dans une vieille affaire de financement de l’UDF sans enrichissement personnel, se sent peut-être plus libre qu’auparavant de s’exprimer. Il mesure aujourd’hui ce qu’il en coûte de faire référence au corps traditionnel français, expression où la confusion le dispute à l’hypocrisie. Il s’est d’ailleurs empressé de présenter ses excuses à Malek Boutih, dont le comportement est exemplaire, puisqu’il a répondu par le silence, en laissant mourir ce dernier incendie de la campagne électorale. Bien entendu, c’est à gauche qu’il a reçu le plus grand nombre de soutiens, mais des soutiens intéressés, car il s’agissait moins de défendre l’impeccable parcours personnel de M. Boutih que de priver l’UMP de quelques milliers d’électeurs républicains. Le PS n’a jamais fait la part belle à M. Boutih, puisque, en 2007, il l’a présenté aux législatives dans la quatrième circonscription de Charente où il a été accueilli par l’ostracisme des politiciens locaux et où il a été battu. Il s’en est d’ailleurs plaint publiquement.
À droite, le redoutable Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, a su, heureusement, dire qu’il ne comprenait rien au propos de M. Longuet. Il n’a pas ajouté, comme l’a fait Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie, que Malek Boutih a « le bon profil » pour occuper la présidence de la HALDE, jusqu’à présent dirigée par Louis Schweitzer. Car M. Boutih, âgé de 46 ans, serait un choix excellent pour la HALDE. D’abord parce que, s’il fallait éliminer les socialistes, on se priverait d’au moins la moitié des compétences du pays ; ensuite parce que M. Boutih a montré toute sa vie comment il faut lutter contre les discriminations. Ce n’est pas un illuminé; il ne se croit pas investi d’une mission sacrée. Toute son action a été marquée par la modération et par une foi dans les institutions républicaines qui devrait émouvoir M. Longuet. M. Boutih est un exemple lumineux d’intégration réussie et il a toujours voulu partager son expérience avec ceux de ses compatriotes qui sont encore enfermés dans leur ghetto et dans la précarité.
Bêtise sociale.
M. Longuet n’a trouvé grâce qu’aux yeux de Yazid Sabeg, commissaire à la Diversité, qui affirme que le sénateur n’est pas un « raciste primaire». M. Sabeg estime qu’il n’y a pas « une fatalité que le président d’une institution chargée de lutter contre les discriminations émane d’une forcément d’une minorité discriminée ». En parlant de la sorte, M. Sabeg s’attaque à un monument de la bêtise sociale qu’est le politiquement correct. En conséquence de quoi, on ne peut que lui donner raison. Mais il n’y a pas non plus de fatalité selon laquelle le président de la HALDE doit appartenir à une vieille et respectée famille protestante. Ce qui fait la qualité du choix éventuel de M. Boutih, c’est sa compétence, pas qu’il soit arabe ou socialiste. M. Longuet (on peut se tromper à n’importe quel âge) n’a pas vu à quoi il s’exposait et exposait sa famille politique. Marie-George Buffet (PC) s’est empressée de dire que les propos de M. Longuet traduisent la pensée profonde et parmanente de la droite ; Daniel Cohn-Bendit a renvoyé le sénateur à son lointain passé de compagnonnage avec l’extrême droite.
On préfèrera accorder plus d’importance aux propos de Yazid Sabeg. Mais on répètera avec force la profonde estime que M. Boutih inspire à la plupart des Français ; on répètera avec force que des allusions au corps traditionnel français n’ont pour résultat que de désespérer un peu plus les habitants des banlieues, alors que M. Boutih, par son seul exemple, exprime l’espoir que les Français issus de l’immigration ont le droit de nourrir ; que c’est justement parce qu’il y a en France des Boutih, des Sabeg et une foule de citoyens n’appartenant pas au corps traditionnel, mais qui ont quand même grossi ses rangs grâce à leur talent et grâce à leur succès dans le monde artistique, en politique, dans les affaires, dans l’industrie, que ce serait une folie de leur barrer la route au nom d’un dosage dans les nominations qui permettrait aux autres de conserver leurs privilèges.
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