Nous sommes nombreux à être étonnés de l'idée de nos gouvernants de privatiser partiellement Aéroports de Paris. Il nous semblait que l'expérience faite avec les autoroutes était concluante : une vache à lait pour de grands groupes, des tarifs en constante augmentation. D'autant que, pour ADP, la perplexité vient de ce qu'il s'agisse d'un joyau de la République. Une affaire qui marche bien et qui a quand même une importance stratégique. Est-il prudent de confier à des sociétés, peut-être étrangères, notre système aérien civil ?
D'un autre côté, Emmanuel Macron s'apprête à annoncer des décisions fortes, mais coûteuses, pour satisfaire, au moins en partie, les revendications exprimées dans le grand débat national. Il faudra bien les financer et le gouvernement continue sur une ligne de crête bien inconfortable qui consiste à lâcher du lest tout en évitant le dérapage du déficit et de la dette. Si on prend un peu de distance avec l'agitation qui n'honore pas la classe politique, on se dit que, après tout, l'idée d'un référendum (qui ne peut être tenu que si 4,5 millions de suffrages sont réunis) est un moyen de faire reculer le gouvernement. Tout cela malgré l'adoption par l'Assemblée nationale de la loi pacte, qui contient la privatisation d'ADP, le 11 avril dernier.
Mais enfin ce ne sont plus seulement les partis extrémistes qui exigent la démission de Macron, la dissolution de l'Assemblée et des élections anticipées. C'est aussi le parti des Républicains. Sont-ils sérieux ? Ou bien ils croient, un peu vite, qu'ils sont près d'achever la bête, ou bien ils n'ont pas les pieds sur terre. Le pire, c'est que LR ne profiterait guère du maelström annoncé par des élections anticipées. Et puis, il faudrait quand même respecter le calendrier : il y a des élections européennes le 26 mai. Cela terrorise la droite qui, de toutes parts, avec mauvaise foi, mauvaise conscience et démagogie, tire à boulets rouges sur le président, parce que tout le monde voit ce scrutin comme un test de sa popularité. Sur ADP, il y a une faible chance de refouler, et pour longtemps, la privatisation. Très bien, sauf que l'intention n'est pas d'échapper à une décision que, concernant les autoroutes, la droite avait prise allègrement, au détriment des intérêts des Français, mais de mettre en échec le chef de l'État.
Seul atout, les institutions
M. Macron bénéficie néanmoins d'un atout que ses prédécesseurs, de droite ou de gauche, ont utilisé avec une rare volupté et qu'il n'a aucune raison de négliger : les institutions. Le recours au référendum, pour une affaire sérieuse mais pas vitale, n'est pas autre chose qu'une manière de nier sa légitimité, comme toutes les oppositions le font et depuis longtemps : cela consiste d'abord à nier qu'il ait accompli quoi que ce soit d'utile, alors qu'il a déjà appliqué une partie du programme de François Fillon ; cela consiste ensuite à hurler au Parlement comme si du bétail était égorgé ; cela consiste aussi, pour un Sénat arrogant et politicien, à envoyer devant la justice les conseillers du président, alors que les sénateurs sont chargés de surveiller la politique du gouvernement, mais pas celle de l'Élysée.
L'attitude des Républicains est celle de la contradiction érigée en thèse politique : les gilets jaunes ne sont pas leur tasse de thé, mais ils condamnent sévèrement les pouvoirs publics pour l'insécurité liée aux manifestations du samedi. La conduite de nos élus renforce partout l'idée que la France serait, ce qui est archi-faux, sur la voie de l'effondrement. Le fracas de leurs interventions publiques n'a aucune cause : c'est tout juste s'ils n'accusent pas le pouvoir d'avoir organisé la sècheresse dans le nord du pays. Il n'est pas difficle de leur répondre qu'on voudrait les y voir et que leurs criailleries constituent le seul symptôme du désordre qu'ils dénoncent tous les matins. À quoi s'ajoute le rôle délétère joué par quelques médias et par les réseaux sociaux, tous engagés dans la présentation la plus pessimiste de l'état de santé du pays. Heureusement qu'il y a encore des Français au travail.
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