POUR Jean Cathalifaud, président du syndicat de la Haute-Vienne (FSPF), la vie de ses confrères du département est un demi-fleuve tranquille. À la tête depuis 2001 d'un syndicat aux taux d'adhésion enviable - 80 % des 164 officinaux - il récolte les fruits semés par ses prédécesseurs, traditionnellement engagés dans l'action militante. De Jean-Étienne Martineau, figure syndicale emblématique, à Gilbert Raffier, les responsables locaux ont toujours défendu avec acharnement, et souvent de bons résultats, les intérêts de ceux dont ils avaient la charge.
« Si notre organisme se porte bien, c'est que les thérapies étaient bonnes, résume l'intéressé. Ici, les présidents et leurs équipes se sont toujours impliqués dans la vie active, cultivant de bonnes relations avec les instances, prenant en charge les soucis quotidiens des uns ou des autres, assumant des initiatives souvent payantes. La Haute Vienne a été leader et testeur de plusieurs actions nationales, comme Cyclamed, ou le lancement d'opérations caritatives. Notre département est discret dans ses exercices, mais toujours à la pointe du progrès, avec des confrères motivés, n'hésitant pas à prendre leurs responsabilités. »
Tout n'a pas pour autant été sans complications. Ainsi du démarrage difficile du dispositif SESAM Vitale, de la mise en place des génériques (avec un taux de substitution en 2008 à 77 %) ou, plus récemment, de la nouvelle connexion avec la CPAM. Il en est de même de la collecte des déchets de soins, à laquelle seulement onze officines du département, dont deux à Limoges, acceptent de se plier, tout en critiquant, à l'égal de leur président, le procédé dans sa forme.
« Nous ne sommes pas des poubelles, explique Jean Cathalifaud, d'autant que le procédé demande la mise en place de structures et de logistique. Récupérer des déchets aussi spéciaux, c'est obligatoirement former son personnel pour éviter tout accident, et se donner les moyens de gérer. Bien évidemment, c'est un service rendu notamment aux populations diabétiques, et, sur le fond, nous n'y sommes pas opposés. Mais sur les moyens et les procédures, la copie est à revoir. »
Le bonheur dans le pré.
Confrontée, comme partout, à la concurrence des parapharmacies, voire à celle des grandes surfaces, la pharmacie de Haute-Vienne fait face avec sérénité aux problèmes de son temps. L'élu syndical le souligne : la para, tout le monde en fait depuis longtemps, et les parts de marché sont évolutives, il faut donc s'adapter. Continuer à assurer sa vocation de service, de conseil, aider à la compréhension des prescriptions, délivrer des médicaments en expliquant, travailler en partenariat avec les autres intervenants de la filière sanitaire. « Nous sommes en milieu rural ou semi-rural, pour 70 % de nos officines, rappelle t-il, nous devons nous conformer à cette distinction. Nous avons, pour la plupart d'entre nous, une qualité de vie sans égal, loin des foules déchaînées, des banlieues à problème, et autres avatars de notre temps. Nous sommes toujours, pour les habitants des petits villages, le notable local vers lequel on se tourne, avec qui on parle en confidence de sa santé, de ses enfants, de ses bêtes. Ce rôle de proximité, il nous appartient de le pérenniser, car nous sommes un élément contre la désertification des campagnes. »
Établi depuis 1990 à Oradour sur Glane, petit bourg de 2 000 habitants*, Jean Cathalifaud connaît à merveille son environnement. Conscient d'évoluer dans un milieu non pollué, à quelque niveau que ce soit, il n'en tire pas moins la sonnette d'alarme face à un avenir relativement incertain. « Pour l'instant, nos pharmacies ne font pas faillite, analyse t-il, et nous répondons à la demande de la population. Mais nous serons un jour ou l'autre confrontés à un problème démographique, principalement en campagne. Si des villes comme Limoges sont en expansion - 30 000 habitants supplémentaires prévus d'ici à 2050 - d'autres petites agglomérations du département se dépeuplent lentement. Les jeunes souhaitant s'installer vont donc se tourner vers les métropoles, et délaisser la ruralité, pour de simples raisons de rentabilité. C'est là que réside le danger, et non pas dans une crise des vocations : la faculté de Limoges fait toujours le plein d'étudiants, mais ces derniers n'iront peut-être pas tenir une officine sur le plateau de Millevaches. Pourtant ce dernier en aura autant besoin que d'autres lieux. »
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