C'est un tout petit fait-divers, sans gravité réelle, mais qui a été fermement condamné par le gratin de la politique, gouvernement, majorité et opposition confondus. Ce qui a ému nos élus, c'est d'abord que la victime est un petit garçon de huit ans, que ses agresseurs sont certes plus âgés que lui, mais en sont encore à l'âge tendre, et que l'enfant affichait naïvement sa religion en portant une calotte. Il y a, bien sûr, des délits ou des crimes plus tragiques ; et dans le domaine toujours vaste de l'antisémitisme primaire, on a vu, depuis la fin de la guerre, des cas plus graves. Par exemple, en 2015, lorsque des manifestants criaient : « A mort, les juifs ! » dans les rues de Paris. Ou lorsque, plus récemment, un illuminé a battu une femme juive de soixante-cinq ans dans son propre appartement et l'a défenestrée. Sans compter les attentats, d'une violence mortelle, à Toulouse et à l'hyper casher.
On ne manquera pas, dans ce pays bavard, d'examiner l'énorme problème que poserait le port de la kippa. Est-il ostentatoire ? Doit-il être comparé à celui du voile ou de la burqa ? Les enseignants, dans les écoles religieuses, ne demandent-ils pas aux enfants de ne sortir qu'après avoir mis leur kippa dans la poche ? N'est-elle pas, en quelque sorte, une invitation à la bagarre ? Toutes ces questions, assorties souvent de commentaires de mauvais goût, ne répondent pas à l'énorme ressentiment qu'éprouve toute personne identifiée comme juive quand on lui demande de cacher son identité. Ne soyons pas hypocrites. Peu de Français juifs portent la kippa, tous n'habitent pas à Sarcelles et la très grande majorité n'est pas agressée. Mais tous croient qu'ici, dans ce pays, ils sont libres. Libres de dire ou de ne pas dire qu'ils sont juifs. Libres de circuler en ville sans risquer d'être insultés ou battus. Libres, au moins autant que les autres.
L'enseignement de la haine
A Sarcelles, et de surcroît avec une kippa, on n'est pas libre. Que vont faire les parents du petit garçon sinon l'accompagner à l'école, ou changer de ville ? Le plus important, dans l'affaire, ce n'est pas la gravité de l'agression. C'est l'état d'esprit des agresseurs. Ce sont des adolescents, mais ils sont déjà pétris de haine à l'égard des juifs. Où ont-ils appris cette haine, sinon au sein de leurs familles, où il est plus que probable que, lorsque l'on parle des juifs, ce n'est pas pour en faire l'éloge ? Dans ce cas, pourquoi leur milieu social contribue-t-il à en faire des délinquants ? Car ce n'est pas rien de concevoir le projet, d'aller à Sarcelles à la recherche d'un enfant juif pour lui donner une râclée. Il y faut de la détermination, une ardeur considérable, un besoin maladif de « se venger ». Contre qui ? Contre une nébuleuse dite juive dont ils ignorent tout mais dont ils savent avec certitude qu'il faut la haïr. Personne, en revanche, ne semble leur avoir dit que s'en prendre à plus faible que soi relève de la lâcheté.
Le gouvernement a réagi fermement mais il n'a pas osé dire ce qui tombe sous le sens, à savoir que la radicalisation islamiste contamine non seulement des adultes, mais des adolescents et des enfants. Ce n'est pas jeter l'opprobre contre une communauté et en défendre une autre que de dire ces choses avec cette simplicité. C'est faire preuve de réalisme et mesurer le danger qu'il y a à laisser la haine envahir peu à peu les esprits et les âmes de tout un groupe au nom d'une cause extérieure à la France. Les islamistes et djihadistes sont à pied d'œuvre sur le territoire français. Pour eux, il ne s'agit pas seulement de commettre des attentats, il s'agit de convertir à la haine le plus grand nombre de musulmans pour en faire de nouveaux combattants du « califat ». Et il faut savoir le dire, comme le fait Manuel Valls, qui ne se prive jamais d'un discours en faveur de la laïcité ou pour la défense des Français juifs.
Le gouvernement doit suivre l'exemple du l'ancien Premier ministre. Parce que les Français juifs ne peuvent pas se rendre justice. Parce qu'ils doivent pouvoir compter sur l'autorité de l'Etat et la force du droit.
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