LA CRITIQUE est aisée, l’art difficile. Le plan de sauvetage des économies européennes ne constitue pas une solution définitive. Son activation, toujours possible, entraînerait une augmentation de la dette publique des États de l’Union, déjà insupportable. Il n’a pas complètement rassurés les marchés qui demeurent nerveux et l’euro se maintient à un étiage plutôt bas. La Grèce, l’Espagne, le Portugal, la France même, doivent produire des politiques drastiques d’austérité, à la limite du soutenable sur le plan social. En influençant négativement la consommation, de telles politiques risquent de compromettre la croissance, sans laquelle un début de remboursement des dettes sera impossible. On le dit pour la Grèce, c’est valable pour tous.
Un coup d’arrêt a néanmoins été donné à la panique générale. L’UE s’est ressaisie. La barrage à la spéculation n’implique pas nécessairement le recours aux fonds qui ont été réunis. La France, pour sa part, s’engage très sérieusement dans un programme de gel de la dépense publique, probablement assortie d’une hausse limitée des impôts, y compris pour les plus riches, et un contournement (sinon la suppression) du bouclier fiscal. La situation des comptes sociaux est assez dramatique pour que l’opinion française comprenne enfin que les ménages doivent faire des sacrifices, pour autant que le gouvernement taxe aussi, et davantage, ceux qui ont de l’argent. Il n’est pas inimaginable qu’une réforme durable des retraites soit adoptée cette année en France.
On n’accordera pas aux multiples critiques des experts une importance excessive : leurs arguments opposés s’annulent. Les assauts de l’opposition sont indiscutablement politiques et motivés par la perspective des élections. Peut-être y a-t-il des solutions plus dures pour les « riches », plus douces pour la classe moyenne, mais enfin ce président dispose d’un mandat qui court jusqu’en 2012 et d’une majorité absolue. Au moment où, de toute évidence, il nous faut un minimum de consensus pour administrer au pays ce remède de cheval, attendre un changement de majorité pour que soit appliquée une autre solution relèverait du suicide national.
Jusqu’à présent, nous étions contrariés par le comportement d’un président qui inscrivait toute son action dans le politique et dans l’affirmation de son talent personnel. La distance entre l’importance des enjeux et sa propre ambition donnait une force accrue aux interprétations pessimistes de ses décisions. La crise de l’euro, puis de la Grèce, lui a donné l’occasion d’appliquer une méthode complètement nouvelle qu’on ne lui connaissait pas et que l’on peut attribuer au remarquable effort de discipline qu’il s’est imposé enfin. Nicolas Sarkozy, comme en 2008, a mesuré l’exacte dimension de la crise. Comme en 2008, il s’est heurté à une Angela Merkel dont la politique paroissiale accordait plus d’importance à des élections locales qu’à une crise capable, par son ampleur, d’engloutir l’Allemagne elle-même. Une Allemagne qui résiste bien à la crise, mais qui a des dettes comme tout le monde. Il y a deux ans, M. Sarkozy racontait sur les tréteaux les difficultés que lui donnait la chancelière allemande. Manière de décrire ensuite deux triomphes : une victoire sur sa partenaire et une autre sur la crise. Cette fois, il n’en a rien fait. Il a œuvré dans une discrétion totale, n’a jamais mentionné les positions allemandes, n’a jamais dit qu’il s’efforçait de convaincre la chancelière. Mais il l’a fait et il a donc exercé un leadership sobre et efficace. C’est un tour de force dans l’absolu et c’en est un quand on connaît la personnalité du président, dont les efforts pour se contenir ont été, d’une certaine manière, héroïques. On doit l’admettre si on est impartial.
Une autre gestion.
Quant à sa gestion de la France, elle change elle aussi. Le gouvernement veut à tout prix démontrer aux marchés qu’il s’engage dans une stabilisation de sa dette car les marchés, aujourd’hui, veulent s’assurer que chacun des pays européens est en mesure de le faire. Comme il n’y a pas de solution idéale dans une crise qui fait de l’endettement le seul médicament de la dette, le gouvernement a préféré un bouquet de remèdes à celui qui qui risquait de nous tuer pour mieux nous guérir. Réduire la dette tout en encourageant la croissance, c’est d’abord geler la dépense, comme l’a fait François Fillon, et c’est aussi écrémer certains revenus qui, destinés le plus souvent à l’épargne, ne contribueraient pas à la croissance. Il n’existe pas de désendettement sans contraction des dépenses de l’État. Si le gouvernement a tellement tardé à recourir à ce procédé, c’est bien parce que les diverses aides sociales soutiennent la consommation des familles. Malheureusement, le danger a augmenté et l’État doit maintenant trouver des ressources nouvelles. L’opposition lui reproche une fiscalité trop timide. Si la hausse des impôts était forte, elle lui reprocherait d’étouffer la croissance.
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