L’AFFAIRE WOERTH n’est pas de celles dont il est aisé de se débarrasser en un tournemain. Elle va se poursuivre avec des révélations désormais quotidiennes : M. Wœrth ne peut pas continuer à prétendre qu’il n’est pas au centre d’au moins deux conflits d’intérêts sérieux, celui de sa double casquette de ministre du Budget entre 2007 et 2010 et de trésorier de l’UMP, celui de ses fonctions et de l’emploi que son épouse occupait auprès de Liliane Bettencourt. Entre-temps, on aura appris qu’il a dîné en 2008 avec la riche héritière, qu’elle a fait un chèque de 7 500 euros à une association qu’il a fondée, que le fisc, fût-ce sans son aval, a renvoyé à la première contribuable de France la somme de 30 millions d’euros au titre du bouclier fiscal.
Tout est légal mais tout est insupportable pour les millions de Français dont les avantages sociaux vont diminuer ou qui vont cotiser plus et payer plus d’impôts. La notion même de bouclier fiscal, qui pouvait être défendue au nom de l’équité (personne ne devant travailler plus de six mois pour le fisc) est inapplicable à une rentière qui se contente de toucher des dividendes et dont le train de vie n’aurait pas souffert si elle avait payé ces 30 millions. M. Wœrth est dans une nasse créée par une politique dont Nicolas Sarkozy n’a pas mesuré les effets pervers et à une époque, quoique récente, où il s’agissait seulement d’encourager l’investissement productif. La crise a balayé sur son passage les meileures intentions du président qui n’a pas su, lorsque les conséquences réelles de la crise se sont fait sentir au début de l’année, tirer publiquement les conclusions qui devaient fatalement le conduire à adopter une politique économique diamétralement opposée à celle qu’il avait voulu appliquer en 2007, et surtout à le dire.
En même temps, comment ne pas voir que le procès qui oppose Liliane Bettencourt à sa fille et qui a été reporté pour complément d’informations, est un tonneau de poudre ? Comment ne pas s’inquiéter de quelques décisions judiciaires, par exemple la tentative d’exclure des débats les enregistrements effectués par le majordome de Mme Bettencourt sous le prétexte qu’ils sont illégaux, ce qui est vrai, mais n’empêche pas qu’ils contiennent leur part de vérité ? Comment ne pas se douter qu’il y a eu entre la patronne de l’Oréal et le pouvoir une collusion ou une complicité pour que le second se montre indulgent à l’égard de la première ? Dire que des rapports de ce genre entre le monde politique et celui des affaires ont toujours existé, que la gauche, elle aussi, a entretenu avec des hommes d’affaires des relations coupables revient à pratiquer la défense du désespoir. C’est une façon, pour la droite, de reconnaître que « nous sommes corrompus, mais pas plus que vous » et c’est donc envoyer au peuple un message désastreux qui ne peut que renforcer les extrêmes.
C’est le pays qui souffre.
Le procès entre la mère et la fille risque de durer longtemps et chaque audience apportera des éléments d’information qui atteindront le pouvoir de plein fouet. On peut regretter qu’Éric Wœrth soit emporté par le mælström, car il a des qualités : sang-froid, et même calme impertubable au cœur des pires polémiques, maîtrise des dossiers qu’il gère avec compétence. C’était l’homme idéal pour la réforme des retraites, voilà que son passif personnel risque de la bloquer. M. Sarkozy ne semble pas mesurer le mal que portent à son crédit, déjà bien mince, les révélations apportées chaque jour par les journaux et les sites Internet. Il refuse de céder à la pression du scandale, ce qui est bien, et donc il ne change pas de gouvernement. mais dans la foulée, il annonce qu’il procédera à un large remaniement à l’automne, laissant, de cette manière, circuler des noms de personnages en sursis pour deux mois. Comment peuvent-ils exercer leurs fonctions si le doute s’installe au sujet de leur longévité politique ? Comment, en outre, le président ne prend-il pas acte de l’échec des idées qui lui avaient servir de programme en 2007 ? L’ouverture ? Ses représentants semblent bel et bien condamnés. La rupture ? La crise contraint M. Sarkozy à revenir à une gestion du pays plus classique. Travailler plus pour gagner plus ? Il n’y a pas de travail. Le bouclier fiscal ? Le cas de Mme Bettencourt en fait une caricature. La République irréprochable ? Elle a sombré dans les appartements de fonction, les cigares d’un secrétaire d’État, les chambres d’hôtel de luxe, les jets privés.
La gauche voit chaque jour ses chances augmenter et se réjouit donc des déboires de M. Sarkozy. Mais c’est le pays qui souffre, car si l’idée du redressement de la France, qui a permis la victoire de Nicolas Sarkozy il y a trois ans, est abandonnée, que nous reste-t-il pour espérer des jours meilleurs au terme d’une longue cure d’austérité ? D’autant que, sans vergogne, certains leaders de la gauche enfoncent leur lame dans le défaut de la cuirasse, trop contents d’en rajouter, même si leurs accusations ne sont pas prouvées, même si la présomption d’innocence est bafouée, même si, en ouvrant la vanne par où se déverse le déferlement des injures, ils assurent moins le renforcement de leur position personnelle que l’ascension de l’extrême gauche et de l’extrême droite qui, curieusement, parlent aujourd’hui le même langage que Ségolène Royal, pour prendre l’exemple le plus frappant d’un durcissement excessif et injustifié du discours politique.
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