IL FAUT DISTINGUER deux grands chapitres : les déficits publics et la dette accumulée jusqu’à présent, d’une part ; et, d’autre part, le financement du régime des retraites. La vérité est simple : pour renflouer nos finances, il faut beaucoup d’argent et nous ne trouverons cet argent que dans la poche des contribuables, de tous les contribuables, qu’ils soient riches ou moins riches. La première démarche consiste à ne pas aggraver le poids de la dette par de nouveaux déficits. L’État doit donc présenter des comptes en équilibre ou proches de l’équilibre. Il évalue à quelque cent milliards en deux ans l’effort d’économie sur les dépenses et de hausse des prélèvements que le pays doit fournir. Il a annoncé le gel des dépenses nationales, c’est-à-dire qu’elles diminueront puisqu’il faut, d’un montant donné, déduire le taux d’inflation. Un tel plan de rigueur, même si le mot est tabou, se traduira inévitablement par une diminution des prestations sociales, donc par une baisse du niveau de vie des bénéficiaires.
Dans le domaine des retraites, l’État dispose d’instrument de plusieurs instruments propres à lui apporter des recettes : les cotisations patronales et salariales, la CSG, qui est maintenant étendue aux revenus du capital, la CRDS (cotisation pour le remboursement de la dette sociale). Il ne peut augmenter ces cotisations qu’en mettant la croissance en danger. Le financement des retraites ne peut être assuré que dans le cadre du contrat collectif qu’e représente. Il n’est pas scandaleux que les deux grandes assurances, assurance maladie et assurance vieillesse soient aussi financées par les revenus du capital. Il demeure que les retraites par répartition sont théoriquement financées par le travail. La durée des cotisations, donc des carrières, reste le paramètre essentiel, quoi qu’en disent certains leaders politiques. Tant que l’on recherche des recettes dans la richesse produite par le travail, le contrat collectif est sauf. Si on finance les retraites par répartition par les produits de l’épargne, on change le système et on empêche en même temps la constitution d’une retraite complémentaire par capitalisation.
Bien entendu, la prolongation des carrières, qui soulève tant de colère populaire, est le remède qui nuit le moins au pouvoir d’achat et à la croissance. Elle remplace l’argent par le travail. Une polémique plutôt grossière, au sujet de la décision en 1983 de François Mitterrand d’abaisser à 60 ans l’âge de la retraite, n’enlève rien au fait que, comme l’affirme Laurence Parisot, la présidente du MEDEF, les régimes de retraites seraient excédentaires aujourd’hui si l’âge de la retraite n’avait pas bougé.
Une solution radicale.
Pour mettre fin au débat interminable sur d’introuvables recettes, Jacques Attali propose une solution radicale à tous nos maux déficitaires : une « hausse massive de la TVA » (cinq points ?) qui suffirait à éponger nos déficits. La TVA, taxe à la valeur ajoutée est de 19,6 %, avec deux taux réduits dans certains cas (5 et 2,1 %). Un point de TVA rapporte à peu près 6 milliards d’euros. C’est donc une excellente machine à faire rentrer des impôts. Ses défauts : elle s’applique à tous les achats, les rend plus chers, touche indiféremment les riches et les pauvres et réduit le pouvoir d’achat, donc la croissance. Mais, du point de vue des ménages, elle est beaucoup plus indolore qu’une hausse des prélèvements à la source. On peut toujours moduler ses dépenses, on préfère savoir qu’on a un revenu fixe qui ne va pas diminuer et sur lequel on peut bâtir un budget familial.
Les médias se sont livrés abondamment à un exercice facile qui consiste à diffuser des videos montrant Nicolas Sarkozy ; il y a encore à peine un ou deux ans, le président affirmait qu’il n’avait pas été « élu pour augmenter les impôts ». Mais alors, les effets de la crise ne s’étaient pas vraiment fait sentir. On dit ici et là que cette crise a raccourci d’au moins dix ans la date des mesures à prendre de toute urgence pour sauver le régime des retraites par répartition. Une solution qui consisterait à ne prendre d’argent qu’aux riches ne serait pas seulement nuisible au fonctionnement de l’économie à la suite d’une baisse des investissements. Elle ne suffirait pas à combler nos déficits. Si le gouvernement s’efforce de mettre au point un panaché de mesures sur la durée des carrières et sur la fiscalité, c’est parce que mettre les consommateurs sur la paille, c’est signer l’arrêt de mort de la croissance. Les Européens ont accompli de tels efforts financiers pour stopper la panique consécutive à la crise financière grecque que les marchés, ces maudits censeurs, se sont affaiblis de nouveau parce qu’ils estiment qu’un tel remède compromet la croissance en Europe.
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