TEXTILES, cosmétiques, produits alimentaires, équipements sportifs, matériaux de construction, etc. : ils sont partout, les nanomatériaux (structures élémentaires dont une au moins des dimensions est comprise entre 1 et 100 nanomètres**). L’expertise collective lancée par l’AFSSET à la demande du gouvernement a identifié, malgré le manque de traçabilité, plusieurs centaines de produits de grande consommation qui en contiennent. Et en octobre 2008 (« le Quotidien » du 14), l’Agence avait lancé une première mise en garde à destination des industriels, les incitant à renforcer les mesures de prévention des travailleurs.
Cette fois, ce sont les risques pour la population générale et pour l’environnement que les experts ont tenté d’évaluer. En se focalisant sur quatre produits particuliers et courants qui représentent bien les voies d’exposition de l’homme (cutanée, inhalation, ingestion) et la possibilité de dispersion environnementale : les chaussettes antibactériennes (nanoparticules d’argent), le ciment autonettoyant et le lait solaire (nanoparticules de dioxyde de titane), la silice alimentaire à l’état nanométrique (sel, sucre).
Dans les quatre cas, en l’absence de données spécifiques aux nanomatériaux contenus dans les produits finis, les risques sont difficiles, voire impossibles, à estimer, mais ne peuvent être exclus. Des publications scientifiques récentes mettent en évidence une action sur l’ADN dans des expérimentations in vitro ou un danger avéré chez certaines espèces animales, mais le manque de données épidémiologiques, toxicologiques et écotoxicologiques ne permettent pas de conclure en ce qui concerne les nanomatériaux manufacturés.
Étiquetage et interdiction.
L’AFSSET fait donc plusieurs recommandations. Il faut, selon elle, rendre obligatoire la traçabilité des nanomatériaux, ce qui passe par une obligation de déclaration par les industriels. Et il faut laisser le choix aux consommateurs avec un étiquetage clair qui mentionne la présence de nanomatériaux dans les produits et informe sur la possibilité de relargage à l’usage.
L’interdiction de certains usages des nanomatériaux peut être recommandée, dans le cas où l’utilité est faible par rapport aux dangers potentiels ou quand il existe des produits équivalents sans nanoparticules. Cela pourrait concerner les chaussettes antibactériennes (donc sans odeur) : la totale innocuité pour la peau des nanoarticules reste à prouver alors que le risque pour l’environnement est avéré, des particules disparaissant dans l’eau de lavage : si 10 % des chaussettes vendues en France contenaient de telles nanoparticules, 18 tonnes d’argent seraient rejetées chaque année dans les eaux superficielles, au risque de perturber le fonctionnement des stations d’épuration.
L’Agence insiste également sur l’urgence de mettre au point une méthode d’évaluation des risques sanitaires adaptée aux spécificités des nanomatériaux, en commençant par la normalisation de leurs caractéristiques. L’AFSSET prévoit de s’autosaisir pour définir en deux ans une grille de cotation des risques.
** Milliardièmes de mètre.
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