Quand les deux seuls médecins d'un bourg s'apprêtent à partir à la retraite, même si l'un des deux peut encore différer son départ, ce n'est pas sans conséquence, notamment pour les autres professionnels de santé. Mais cela peut aussi « rapprocher ces professionnels », comme l'assure Sophie Duban, pharmacienne à Étreillers (Aisne).
Étreillers est un bourg rural de 1 500 habitants situé à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Saint-Quentin et entouré de villages qui portent sa zone d'attraction à près de 3 000 personnes. Depuis deux ans, les échéances étaient connues : un médecin partait à l'été 2018, le second, Dominique Cardot, le suivrait mais acceptait de différer son départ « pour accompagner, une année si besoin, » un nouveau praticien. Ce médecin avait créé un cabinet médical aux normes, et l'a revendu à la communauté de communes. Présent à Étreillers depuis trente-cinq ans, il tenait à la « continuité des soins ».
Une première réunion a eu lieu avec les médecins, les infirmières, le kiné, la pharmacienne, les élus – maire et président de la communauté de communes —, et l'agence régionale de santé (ARS). « Les infirmières et le kiné ont d'abord été réticents à l'idée d'intégrer une maison médicale, craignant des charges supplémentaires », commente Sophie Duban. Mais quand l'ARS a proposé une maison médicale « éclatée », le projet a pris corps.
Identité et local conservés
« Nous avons construit un projet de soins autour de la prise en charge à domicile de la personne en fin de vie, explique la titulaire. Cela a donné un projet commun, dans lequel chacun conservait son identité, et ses locaux. » Tous les cabinets sont à moins de 100 mètres les uns des autres. De réunion en réunion, tout a été ficelé : les statuts d'une société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA), le projet d'une informatique avec logiciel partagé, la mise en place et la rédaction d'un protocole. Restait à trouver des médecins.
« Avec la communauté de communes, qui offrait un an de loyer du cabinet, nous avons préparé et distribué des plaquettes pour attirer de jeunes médecins, des jeunes diplômés pour assurer la sécurité du projet de santé ambulatoire. » Un premier médecin, roumain, pas vraiment jeune, est venu. S'il s'est installé dans le cabinet médical, il refuse d'intégrer la structure commune. Ce qui n'a pas manqué d'interroger les autres professionnels sur sa volonté de s'engager, et de rester à Étreillers. Un second médecin, une femme de même âge, également roumaine, viendrait, mais avec le même refus de l'organisation de la maison pluridisciplinaire.
« Le bourg compte actuellement un médecin, trois infirmières, un kiné, une pharmacienne, et un projet de santé tout prêt à démarrer, constate Sophie Duban. Mais pas de jeune médecin à l'horizon. Tout le monde en était désolé à la dernière réunion. » L'ambiance à Étreillers est donc à l'attentisme. Mais « travailler ensemble nous a déjà rapprochés, note Sophie Duban. Nous avons appris à nous connaître, nous avons parlé de nos patients, ce qui n'était pas le cas auparavant. Cela a vraiment modifié notre exercice professionnel ! »
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