MÊME LE TRIOMPHE de Nicolas Sarkozy lors de son voyage inattendu, le jour même, en Libye n’a pas diminué l’intérêt du public pour le débat socialiste qui a été au demeurant bien organisé, équitable pour les candidats et n’a été nullement complaisant. Certes, l’émission fut longue et la nature des dossiers évoqués (la fonction publique et son financement, la dette et les déficits ou l’énergie nucléaire) ne se prêtait guère à des coups de théâtre ou à des rebondissements. On a noté un peu de tension entre Martine Aubry et François Hollande qui, selon nous, aura été le plus convaincant et le plus agréable à entendre, mais un peu n’est pas beaucoup. Ségolène Royal ne s’est guère livrée aux éclats que l’on pouvait attendre d’elle, Arnaud Montebourg n’a pas surpris, Manuels Valls a été bon. Même Jean-Michel Baylet, auquel les sondages accordent un pourcentage infime, a réussi à présenter une idée cohérente du radical-socialisme et ce en quoi il est différent du socialisme pur et simple.
Les candidats ne se sont pas écharpés. On ne le regrettera pas, pour autant que l’attention pour les débats suivants ne se relâche pas. Il faut beaucoup de constance au téléspectateur, pas forcément féru d’économie, pour assister sans broncher à ces lourds échanges. Le principe de la primaire demeure excellent. Mais il est mal compris : soucieux de ne pas insulter l’avenir radieux où ils seront unis autour d’un seul nom, les candidats de la gauche sont plus prompts à dénoncer Nicolas Sarkozy de toutes les manières possibles qu’à démontrer pourquoi tel ou telle est mieux placé(e) pour vaincre les concurrents du même camp. La primaire n’est pas la campagne électorale. Aux États-Unis, qui l’ont inventée, les primaires sont le lieu de déchirantes batailles qui n’empêchent nullement le rassemblement du parti lors de la convention et de l’investiture du candidat. En 2007, Barack Obama et Hillary Clinton se sont dit des choses terribles, ce qui n’a pas empêché la seconde de devenir la secrétaire d’État du premier.
La gauche et ses valeurs.
Mais il y avait beaucoup de courage à conserver la primaire comme mode de désignation du numéro un et encore plus à l’approfondir. La droite a essayé de discréditer une procédure qui pourtant fait florès ailleurs. On prédisait des déchirements intra-socialistes qui ne sont pas en train de se produire. On voulait déceler une méthode dangereuse pour la confidentialité du vote, et même un risque de « fichage » des électeurs. Le succès de la primaire est tel qu’on s’attend à deux, trois ou quatre millions de votants. Le candidat désigné n’en aura qu’une légitimité accrue. La machine est si implacable qu’elle renvoie au deuxième plan l’affaire DSK, dont on craignait qu’elle ne plombe le discours de fond des socialistes, qu’elle accroît, peut-être de façon irrésistible, l’avance de la gauche sur la majorité actuelle, et qu’elle apporte une alternative raisonnable et infiniment plus acceptable que l’aventure périlleuse à laquelle nous convie le Front national.
On sera moins enthousiaste quant à la forme du scrutin : il faudra signer un texte qui demande au votant d’adhérer aux « valeurs de gauche », liberté, fraternité, égalité, laïcité, comme si ces valeurs n’appartenaient qu’à la gauche, ce qui est une forme d’imposture. C’est ce petit texte très court que la droite aurait dû dénoncer en revendiquant à son tour les mêmes « valeurs », mot galvaudé entre tous et qui ne veut plus rien dire.
Enfin, bien qu’il soit trop tôt pour le dire, il apparaît de plus en plus que l’affaire se jouera entre Martine Aubry et François Hollande, sauf si Ségolène Royal nous réserve quelque déclaration fracassante qui interpellerait l’électeur. La primaire est beaucoup plus proche que l’élection présidentielle. Les sondages sur les chances respectives des différents candidats sont donc de plus en plus crédibles, même si leur précision doit être prise avec un grain de scepticisme. Dans moins d’un mois, le tour sera joué.
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