LES SUPPUTATIONS sur la candidature du président, sur les chances de Martine Aubry et de Dominique Strauss-Kahn font plus couler d’encre que la réforme des retraites ou la réduction indispensable et douloureuse des déficits. On ne niera pas son courage au gouvernement, engagé dans deux entreprises impopulaires, qui ne peuvent que taxer davantage les contribuables, et dont les obstacles sont probablement insurmontables. Dans l’opposition en revanche, on devine que l’annonce d’un programme alternatif est directement liée aux enjeux électoraux de 2012. Ce qui conduit la gauche à présenter des programmes incertains.
Martine Aubry pouvait-elle faire autrement que de se cramponner à un acquis social « irréversible », la retraite à 60 ans ? La première fois qu’elle a parlé des retraites il y a quelques mois, elle a laissé entendre qu’elle acceptait l’idée d’une prolongation modérée de la vie active. Mais dans son plan pour les retraites, elle a fait des 60 ans une donnée inaltérable. De sorte qu’Éric Wœrth n’a aucun scrupule à dire que la gauche répond à un problème démographique par une solution fiscale. Certes, la première secrétaire insiste sur l’augmentation des impôts payés par les riches et par les banques, auxquelles elle réclame trois milliards par an. On ne la désapprouvera pas sur ce point. Il n’empêche que les déficits actuels et à venir des régimes sont d’une autre ampleur et qu’une pression fiscale accrue porterait un nouveau coup de boutoir à la consommation, donc à la croissance.
Pour la première fois, un sondage publié jeudi dernier par « Le Figaro » montre qu’une majorité se dessine à gauche en faveur de Dominique Strauss-Kahn et contre Martine Aubry. Jusqu’à présent, l’actuel directeur du Fonds monétaire international avait une popularité plus grande dans l’ensemble de la population que chez les électeurs de gauche. Mme Aubry, pour le moment, fait des synthèses qui tiennent compte des avis socialistes les plus et les moins responsables. Ce travail de cohésion nuit à sa crédibilité personnelle. Le PS est de nouveau entré dans l’un de ces cycles infernaux dont il a le secret. Mme Aubry, à la fois par conviction et par calcul, tient principalement à maîtriser l’appareil qui lui sert de tremplin électoral. Celui de M. Strauss-Kahn est différent : il est constitué par une popularité acquise grâce à son absence et à son mystère, formidables leviers des courbes de popularité, que M. Sarkozy lui-même utilise depuis quelques semaines avec succès. Des journalistes bien mieux informés que nous nous assurent que DSK a pris sa décision, qu’il quittera le FMI en 2011, qu’il entend bel et bien se présenter en 2012. Il faudra bien alors qu’il perde un peu de son aura, qu’il se bagarre dans les primaires avec les autres candidats et plus particulièrement avec Mme Aubry, qui rappellera à la gauche le travail en amont qu’elle aura accompli. En d’autres termes, si DSK a décidé de concourir, il aura une dure bataille à livrer.
Si ce n’est pas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy aussi. Il ne sait pas combien de ses électeurs de 2007, révulsés par ses manières, consentiront à ne se souvenir que du « nouveau Sarko », celui qui a gagné en sobriété et en discrétion. Il n’a pas renoncé, et c’est tout à son honneur, à réformer les retraites et à trouver 100 miliards d’économies à faire en trois ans sur les budgets publics, sans taxer à mort la classe moyenne. Il aura forcément un bilan médiocre parce que la modernisation du pays qu’il avait conçue en 2007 s’est heurtée un an plus tard à une crise profonde, historique, terrible dont les effets négatifs ne sont pas terminés aujourd’hui encore. Dans le « nouveau Sarko », il y a certes le retour à la dignité présidentielle, mais il y a aussi de sérieux renoncements, comme la réforme du juge d’instruction, dont on ne peut pas dire qu’elle emballe les foules. Il aura du mal et, s’il l’emporte, ce ne sera que sur la base d’une réduction des déficits acquise, sur une réforme des retraites achevée, sur le retour à un minimum de croissance. Un tour de force.
Si ce n’est pas Sarkozy, qui sera le candidat de la droite ? Villepin nous conduirait à l’aventure. Juppé, pourquoi pas ? Copé ? Le mieux placé après le président, c’est le Premier ministre. Il a duré à son poste au-delà des prévisions les plus optimistes. Il est bâti en béton et, après toutes les humiliations qui lui ont été inutilement infligées par M. Sarkozy, il a montré qu’il est un bon recours pour apaiser une majorité rebelle, qu’il tient à la gauche un discours de combat, qu’il n’a aucun complexe d’être à droite. Pour le moment, nous maintenons notre mise sur un duel Sarko-Aubry.
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