DANS LA « COLÈRE » qu’il dit avoir ressentie, M. Guéant s’est bien gardé d’accuser Didier Migaud, président socialiste de la Cour nommé à ce poste par Nicolas Sarkozy. D’abord parce que M. Migaud est au-dessus de tout soupçon ; ensuite parce que ses fonctions ne lui permettent pas de rédiger lui-même les rapports, parfois très fouillés de la Cour ; enfin parce que, de tout temps, et notamment lorsque Philippe Séguin la présidait, la Cour n’a jamais été complaisante avec le pouvoir, quel qu’il fût. En outre, Claude Guéant sait bien que la lutte contre l’insécurité continue à poser de formidables difficultés au gouvernement, que cette bataille n’est jamais gagnée et que ce qui compte, ce sont moins les statistiques que ce que ressent la population. Elle a peur dans certains départements, elle est plus rassurée dans d’autres. Des batailles ont été gagnées, d’autres perdues. Des zones de non-droit existent. Là où sont fournis des efforts exceptionnels, des résultats sont obtenus, sans doute temporairement, et la criminalité recule.
Mais la Cour des comptes remet en question l’ensemble des mesures prises depuis 2002. L’UMP remarque que le choix de la sécurité comme thème de recherche par la Cour des comptes et la période examinée, celle pendant laquelle la droite a exercé le pouvoir, ne sont pas innocents. Dès lors qu’il est impossible d’établir un bilan triomphal des programmes de sécurité, il est facile, et pas seulement pour la Cour, de mettre en exergue ce qui ne va pas. Les « Sages » ne s’en sont pas privés. Ils savent que, si de simples députés, comme Bernard Carayon, sont libres d’exprimer leur exaspération, les membres du gouvernement sont tenus de respecter leur indépendance. Que les « Sages » aient fait de celle-ci un instrument pour accabler le pouvoir à dix mois des élections est une autre affaire. En tout cas, c’est une hypothèse qu’il est impossible de démontrer sans porter atteinte à une institution qui symbolise plus que d’autres la séparation des pouvoirs et donc la qualité de notre démocratie.
Pas à l’abri des critiques.
Mais il ne faut pas s’y tromper : si elle n’a pas fait exprès de ressortir le mistigri de la sécurité à quelques mois de la présidentielle, la Cour n’a pas voulu non plus en tenir compte. Elle aime à se présenter comme une assemblée qui ignore le contexte politique. Ce serait parfait si les conséquences de sa démarche n’étaient sérieuses, comme en témoigne la très vive polémique qui oppose la droite à la gauche. La Cour peut oublier les élections, elles se rappelleront à son bon souvenir. On lui opposera aussi un autre jugement : quelles extraordinaires révélations nous apporte-t-elle ? Que dit-elle que nous ne savions ou ne pressentions déjà ? Pourquoi dénoncer la vidéosurveillance alors qu’une moitié de la population la souhaite pendant qu’une autre moitié la juge inutile ? Que signifie cet amoncellement de chiffres qu’elle nous inflige et qui ne rendent pas compte des anxiétés de la population la plus exposée, c’est-à-dire la plus pauvre ? Que Nicolas Sarkozy nous ait annoncé prématurément une victoire sur l’insécurité, certes. Qu’il n’ait rien fait ou qu’il se soit trompé de politique depuis qu’il est ministre de l’Intérieur, c’est faux.
Nul, pas même la Cour des comptes, n’est à l’abri des critiques. Il n’y pas d’anges en politique, ni à droite ni à gauche. L’accusation portée par quelques personnalités socialistes contre l’Élysée, qui aurait « comploté » pour attirer Dominique Strauss-Kahn dans un piège, relève du délire ou plutôt de l’irresponsabilité. Il n’est pas impossible que l’on se soit réjoui, dans l’entourage de M. Sarkozy, de la chute d’un rival gênant, probablement imbattable. De là à avoir le cynisme et à prendre le risque de lui tendre un traquenard dont on aurait fini par savoir, tôt ou tard, les tenants et les aboutissants, il faut, pour ceux qui y croient ou prétendent y croire, une bonne dose de paranoïa. Ou alors il faut, pour imaginer une telle perversité, avoir soi-même des idées perverses. Dix mois de cette ambiance, le chemin sera long, ardu et parfois nauséabond.
Didier Migaud, président de la Cour des comptes
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion