EN 2006, c’était encore une utopie pour Olivier Delaveau : créer une maison médicale sur un terrain face à sa pharmacie à Athée, à vingt kilomètres de Tours. En 2011, le rêve est devenu réalité : la maison médicale a ouvert ses portes et neuf professionnels de santé dont trois médecins y travaillent main dans la main, « en collaboration et sans principes hiérarchiques », souligne ce pharmacien, installé depuis 1997 dans ce village d’Indre-et-Loire.
« Cette zone semi-urbaine est en croissance en raison essentiellement du prix des terrains, encore abordables comparés aux alentours proches de Tours ou d’Amboise. Quand l’unique médecin du village a repris le cabinet en 1979, il y avait 1 500 habitants. Désormais, ils sont 2 600 », explique Olivier Delaveau. Ce dernier comprend rapidement que la succession sera difficile et préfère anticiper. « Ce médecin travaille énormément. Or la jeune génération n’est pas prête à de tels sacrifices. Pour allier vie professionnelle et vie personnelle, les jeunes médecins envisagent plutôt un exercice collégial ».
Le pharmacien retrousse alors ses manches, achète le terrain, crée une SCI avec un architecte qui se passionne pour le projet – il réalisera un bâtiment « haute qualité environnementale » - et un ostéopathe, le premier professionnel de santé de cette maison pluridisciplinaire. La mairie lui offre sa logistique mais aucun organisme ou collectivité ne lui apporte d’aides financières. « Si j’avais attendu des subventions, la maison de santé serait encore à l’état de projet ou créée dans le chef-lieu de canton. Nous sommes un vieux pays jacobin et centralisé », s’exclame-t-il. Depuis l’ouverture, l’ARS subventionne en revanche une secrétaire médicale. « Ce n’est pas une opération patrimoniale, ajoute Olivier Delaveau. Si tous les professionnels de santé prennent des parts dans la SCI, l’architecte et moi-même nous la quitterons ».
Un projet précurseur du travail en équipe.
Le modeste projet d’un cabinet avec deux généralistes est finalement devenu une vaste maison de santé qui compte encore s’agrandir. L’ostéopathe est le premier à franchir le pas et s’installe dès 2008, en attendant la réalisation du projet, dans un local communal où exercent deux infirmières. Celles-ci sont aussi séduites. Les plans sont alors revus pour créer des pièces supplémentaires, d’autant qu’une sage-femme, une orthophoniste et une psychologue clinicienne ont rejoint l’équipe fondatrice. Une place - désormais libre - était aussi prévue pour un kinésithérapeute qui a fait faux bond. « C’est le problème quand un projet prend du temps à se concrétiser », souligne Olivier Delaveau qui a planché sur cette création à mi-temps pendant plusieurs années, ciblant les médecins remplaçants du département, envoyant des descriptifs détaillés via internet, afin de tenter de convaincre.
Puits canadien, jachère fleurie pour éviter la tonte, jardin d’herbes médicinales : l’environnement est agréable. Mais aussi l’ambiance de travail en équipe. « Travailler ensemble et non pas les uns à côté des autres dans une tour d’ivoire, avoir une relation décomplexée avec les patients, s’assurer que nous sommes respectés pour notre travail et non notre statut : telle était ma démarche dès le départ », affirme Olivier Delaveau. Le travail en équipe limite un grand nombre de pertes d’information. Nous avons également des réunions thématiques tous les deux mois, par exemple sur les pansements, la contraception, l’ostéopathie…
Attirer les spécialistes.
« Nos petites réunions sont désormais connues dans le coin et des étudiants en pharmacie ainsi que de jeunes médecins d’un village voisin y participent », s’enthousiasme le pharmacien. La démarche novatrice est certainement la clé de cette réussite et Olivier Delaveau compte désormais attirer des spécialistes. « Il n’y en a aucun dans le canton et dans l’agglomération tourangelle ou le canton voisin d’Amboise, ils ne sont pas assez nombreux pour prendre en charge nos patients dans un délai raisonnable. J’ai eu des contacts très avancés avec certains d’entre-eux, notamment avec des ophtalmologistes, mais à ce jour, aucun n’a abouti. Le cabinet d’ophtalmo le plus proche est à 15 kilomètres et il faut plus de six mois pour obtenir un rendez-vous », s’insurge-t-il. Même à plein-temps, l’agenda d’un spécialiste serait complet, estime-t-il. À terme un deuxième bâtiment pourrait être construit. Une deuxième utopie qui ne demande qu’à passer au stade de la concrétisation.
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