Comme si la gestion politique d'un pays ne posait pas en soi des difficultés titanesques, les conservateurs ont réussi, par des démarches intempestives, à se compliquer la vie au delà de tout ce qu'exigeait le malaise diffus qui règne dans nombre de pays démocratiques. Leur voyage dans l'Absurdie a commencé par la décision de l'ancien Premier ministre, David Cameron, de procéder à un référendum sur la sortie ou non de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, dont elle était membre depuis 1973. Certes, beaucoup de Britanniques réclamaient cette sécession, principalement parce qu'ils voyaient dans leur appartenance à l'Union un élément favorisant une immigration perçue comme un danger à leur unité, à leur façon de vivre, à leurs « valeurs ». M. Cameron pouvait se battre en défendant des idées démocratiques et surtout en expliquant que la sortie de l'Europe impliquait des négociations diffficiles, des coûts fabuleux, des risques énormes. Conscient que l'UE divisait son propre parti, il a préféré crever l'abcès en organisant un référendum qu'il avait bel et bien l'intention de gagner.
Il a perdu et démissionné. À partir de là, le Royaume-Uni est entré dans une période d'instabilité profonde. Ministre de l'Intérieur, Theresa May, remplaça M. Cameron. Après avoir fait campagne mollement contre le Brexit, elle en est devenue, au lendemain du « non », sa plus fervente avocate, avec une sorte de souci démocratique (exercer jusqu'au bout la volonté du peuple) qui l'honorait du point de vue du respect des institutions, mais ne tenait aucun compte de ces quelque 48 % de Britanniques qui avaient voté contre et qui manifestèrent bruyamment leur désespoir dans les grandes villes. Elle s'est donc mis en tête d'aborder les négociations avec l'Europe (qui n'ont toujours pas commencé) avec intransigeance, en soulignant qu'il s'agissait d'un « hard » Brexit et non d'un « soft », en multipliant avant l'heure les exigences, et en posant des conditions, comme le libre-échange sans la liberté de circuler des personnes, d'essence contradictoire.
Les Anglais ont préféré Corbyn
Elle a poursuivi en outre une politique de réduction des dépenses publiques, supprimant dix mille postes de policiers dans un pays assiégé par le terrorisme djihadiste, et acceptant une dégradation insupportable du système des soins. Qu'ont fait nos amis anglais ? Ils ont écouté le mieux-disant, en l'occurrence le parti travailliste, dirigé actuellement par Jeremy Corbyn, venu du trotskisme et considéré alors par ses propres troupes du Labour, comme un homme original et imprévisible, mais pas exactement fait pour diriger le pays. Ne voilà-t-il pas que, profitant des carences évidentes de Mme May dont on est obligé de dire qu'elle a de fortes convictions mais qu'elle ne sait guère réagir aux doléances de son peuple, les travaillistes n'ont cessé de grimper dans les sondages, assez en tout cas pour empêcher Mme May d'avoir la majorité absolue sans que, pour autant, ils l'aient obtenue eux-mêmes.
Jeremy Corbyn, dans la nuit de jeudi à vendredi, alors que les résultats étaient incomplets, a demandé la démission de Mme May, exigence sûrement excessive pour un homme qui a réussi sans vraiment triompher, mais qui donne la mesure du climat politique en Grande-Bretagne. Têtue et sans doute incapable d'évaluer la dimension de sa défaite à l'aune de ses propres ambitions, Mme May a demandé à la reine Elizabeth l'autorisation de former un gouvernement à dominante conservatrice. Quelles chances a-t-il de rester au pouvoir et, surtout, quelle chance a-t-il, s'il est formé, de négocier avec la Commission de Bruxelles un accord de Brexit avantageux pour le Royaume-Uni ? Voilà un pays qui n'a pas trop mal réussi son redressement économique, mais qui est plongé dans la plus grave des incertitudes, moins à cause de la malchance que de l'impéritie des gens au pouvoir.
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