MALGRÉ les explosions, les tirs, les barrages, militaires ou rebelles, à franchir et les pénuries, le pharmacien de la vieille ville d’Alep s’efforce de lever, quelques heures certains jours, son rideau de fer.
Sur la petite place enchâssée entre les maisons de pierre blanche, dans l’un des quartiers tenus par les insurgés de l’Armée syrienne libre (ASL), Zacharias Mohamed Ali, 27 ans, propriétaire de la Pharmacie Zacharias est venu « surveiller le magasin mais aussi ouvrir un peu, pour les gens ». Derrière le comptoir et des rayonnages à moitié vides, accompagné de son jeune frère, il a poussé à fond la climatisation. Pas un chat dans la rue, personne dans la boutique. « Les habitants ont presque tous fui, il n’y a presque plus personne dans le quartier. Mais c’est bien pour ceux qui sont restés là de voir que la pharmacie ouvre. Ils peuvent venir chercher des médicaments, parler. Cela les rassure… Enfin un peu, j’espère », dit le jeune homme corpulent aux yeux bleu lagon.
Il habite loin, dans une zone tenue par les forces de Damas. Il se fait déposer près de l’une des lignes de front, qu’il franchit à pied, puis un autre ami le prend en charge côté rebelle pour le conduire à l’officine. « D’un côté comme de l’autre, ils ne s’occupent pas de moi. Je leur dis : "Je suis pharmacien". Je passe. Parfois il faut attendre, quand cela tire trop », raconte-t-il. Il reste ouvert quelques heures, un jour par semaine, en début d’après-midi ; le temps de s’assurer que tout va bien et de servir quelques clients.
En voici un : un nourrisson sur le bras, un petit enfant à la main, en short, sandales et tricot de corps, un jeune homme aux joues creuses demande une solution pour laver les narines des bébés, un biberon, des pansements, une tétine, du shampoing. Du lait maternisé ? Non, il n’y en a plus. Zacharias lui sourit, le conseille, il repart.
« Parfois de vieux clients appellent à la maison, ils ont besoin de leur traitement, pour le cœur ou autre chose, alors je viens, ajoute Zacharias d’une voix douce. Je n’ai pas été livré depuis le premier jour des combats, au début du Ramadan. À ce rythme, je peux tenir encore un mois. Après, je ne viendrai plus que pour voir si le rideau de fer est bien fermé », regrette-t-il. Seize heures. La voiture est là, les deux frères ferment la pharmacie.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion