LA MAISON-BLANCHE a pourtant accompli un excellent travail parlementaire, en obtenant le soutien de John Boehner, le président de la majorité à la chambre des représentants, qui, d’habitude, est viscéralement hostile au chef de l’exécutif. Malheureusement pour M. Obama, de nombreux élus démocrates risquent de lui faire défaut. S’il se dégage des tracatations entre le pouvoir et les élus, un consensus américain autour d’une attaque contre la Syrie se produirait dans un contexte qui a changé : l’effet de surprise sera nul, les Russes brandissent une menace militaire, ce qu’ils n’avaient pas fait jusqu’à présent ; le « New York Times » diffuse une video décrivant une atrocité commise par les insurgés syriens, ce qui affaiblit la position morale adoptée par MM. Hollande et Obama ; les Européens refusent d’accorder leur blanc-seing à la France ; la multiplicité des mises en garde, en France, en Europe, partout dans le monde augmentera la culpabilité des interventionnistes si leur opération tourne mal.
Abandonner les Syriens ?
Jusqu’à présent les présidents américain et français n’ont pas reculé par rapport à la détermination qu’ils affichent depuis le 21 août, date de bombardements chimiques particulièrement cruels et dévastateurs. Mais la décision de M. Obama de demander l’avis des parlementaires a été surtout interprétée comme un désir de gagner du temps, de ne pas plonger tête baissée dans une nouvelle guerre, alors que son grand dessein est d’extraire son pays de tout engagement militaire dans le monde arabo-musulman. Toutes ces raisons font que l’on peut se demander ce qu’il reste pour justifier la « punition » que François Hollande appelle de ses vœux. Pas grand-chose en vérité, ce qui, logiquement, devrait amener les deux présidents à renoncer. L’argument principal contre le renoncement (la perte sensible de crédibilité de la France et surtout des États-Unis), ne suffit pas pour qu’une partie parmi d’autres tente l’aventure. Car la guerre, aussi fréquente qu’elle soit, a toujours des conséquences négatives sur le plan humanitaire et géopolitique. Personne ne peut dire aujourd’hui que si la France et les États-Unis finissent par tenir parole, les retombées de frappes éventuelles ne mettront pas le feu aux poudres en n’entraîneront pas un cataclysme dont nos adversaires, en l’occurrence la Russie et l’Iran, seraient les grands bénéficiaires.
Ce qui ne veut pas dire non plus qu’un recul de l’Amérique et de la France, même s’il est habillé d’une forte relance diplomatique, rendrait justice aux civils syriens, dont 110 000 sont morts pendant les combats. Cela constitue un crime contre l’humanité qui suffit à justifier une intervention militaire extérieure, comme ce fut le cas à Benghazi et au Mali. Les précédents irakien et afghan ont jeté un trouble dans la conscience des Américains, dont la majorité estime aujourd’hui que ces deux guerres ont causé des dommages irréversibles à leurs troupes, à leurs finances et à leur réputation. De sorte que l’on en arrive à un paradoxe : l’Amérique aura fait des guerres injustes au nom de la démocratie et de la liberté ; elle refuserait maintenant de livrer une guerre tout à fait juste au nom de ses erreurs passées et en dépit du scandale inte. Personne n’ignore que, dans les forces en présence en Syrie, il y a des groupes qui haïssent les États-Unis plus que Bachar Al-Assad. Il semble absurde de leur venir en aide, fût-ce par procuration. Personne ne croit que les insurgés sont des anges. Personne n’imagine que dans le brouillard de la guerre existent des sentiments capables d’atténuer la haine, la violence, la vengeance pure et simple. Il n’empêche : 110 000 morts, deux millions de réfugiés, un pays dévasté, dont la reconstruction coûtera 1 500 milliards de dollars, un désastre si grand causé par le folie d’un seul homme... À quel moment l’humanisme reprend-il ses droits ?
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