Ce n’est certes pas la première fois que des Français musulmans expriment leur désaccord total avec les djihadistes et, d’une façon générale, avec les extrémistes qui se réclament de l’islam pour accomplir leurs forfaits. Nous avons déjà vu des hommes et des femmes courageux, religieux et laïcs, s’inscrire en faux contre l’interprétation que les fanatiques font du Coran. L’émotion énorme qu’a déclenchée en France le crime odieux commis contre Hervé Gourdel a néanmoins suscité un mouvement d’une remarquable ampleur qui balaie quelques commentaires, glanés ici ou là à la télévision ou sur les chaînes de radio, qui tentaient une explication historique du fanatisme et, donc, une justification choquante. Cette fois, les réseaux sociaux ont joué à l’avantage de la démocratie. Ils ont créé une protestation massive chez la plupart des Français musulmans. Ils ont amené les journaux à interroger les plus connus d’entre eux qui, tous, ont condamné sans réserves l’assassinat et la volonté de Daech de créer en France une situation chaotique qui risque de dresser beaucoup de Français indignés contre la communauté musulmane.
Pourtant, aucun musulman ne devrait être contraint de prendre parti. C’est un peu comme si nous devions manifester chaque fois qu’est perpétré un crime de droit commun. Objectivement, ils ne sont pas concernés, s’ils ne militent pas, s’ils ne vont pas en Syrie pour s’y battre, s’ils ne crient pas « mort aux juifs ! » dans la rue, s’ils ne songent pas une seule seconde à troubler l’ordre public en France. A priori, ils doivent être considérés comme tous les autres citoyens, comme des hommes et des femmes qui participent tout simplement à la vie de la cité.
La frilosité des intellectuels.
S’ils protestent aujourd’hui, c’est pour deux raisons : la première est qu’il a paru souhaitable, et même nécessaire et urgent, d’expliquer la différence fondamentale qui existe entre islam et islamisme. Pour la bonne compréhension des choses, il vaudrait mieux ne pas utiliser le mot « islamisme » mais plutôt celui de djihadisme. Les terroristes ont littéralement pris en otage leur religion, en donnant à leur action une sorte de légitimité inscrite dans la seule loi qu’ils reconnaissent, celle des textes sacrés. On peut être certain qu’ils ont ébranlé beaucoup d’esprits chez leurs coreligionnaires. Ils ont lavé des cerveaux, embrigadé des jeunes, transformés des innocents en bombes humaines. Il était temps de dénoncer le phénomène et de montrer aux éléments les plus fragiles de la communauté musulmane qu’ils sont victimes d’un énorme mensonge et d’une philosophie structurée par le mal pur et simple. La seconde est que, en se distinguant des musulmans égarés, ils protègent leur propre statut en France.
Ce mouvement anti-Daech est salutaire. Il met fin à une certaine frilosité des intellectuels musulmans qui, par peur, par indifférence ou parce que la dénonciation de la violence djihadiste ne va pas dans le sens de l’anti--américanisme ou de l’anti-sionisme, préfèrent reprocher au conservatisme occidental les diverses formes de colonialisme qu’il a pratiquées au cours de l’histoire. Rien, pourtant, ne justifie le culte de la mort auquel se vouent les allumés de Daech. Rien de ce que peuvent avoir d’occidental ces intellectuels intégrés ne leur permet d’abonder dans le sens d’une telle violence. Ce sont donc des imams, des sociologues, des avocats, des femmes politiques, des entrepreneurs, des mères de famille, des ouvriers qui s’expriment depuis quelques jours. Ils sont l’honneur de l’islam.
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