LE DERNIER SONDAGE en date, celui d’Opinion Way-« Le Figaro » du 20 mai indique une bonne progression de l’UMP à 28 %, un léger recul du PS, à 21 %, un score amélioré du MoDem de François Bayrou à 13 %, un effritement de l’électorat entre les extrêmes, le Front national semblant en perte de vitesse, à 6 %. L’UMP apparaît comme le premier parti politique français, alors que, traditionnellement, la droite parlementaire fait un très mauvais score aux européennes, surtout si elle est au pouvoir. Le ressentiment contre Nicolas Sarkozy, censé être très répandu, n’apparaît pas dans le sondage du « Figaro ».
Mais l’extrapolation du rapport de forces ainsi établi à la vie politique nationale n’est pas réjouissante pour le parti au pouvoir. Il est fort, mais seul, et ne peut compter sur aucune force d’appoint. Certes, on peut en dire autant du PS qui, par la voix de Martine Aubry, a renoncé à toute alliance avec le MoDem. Lequel s’inscrit clairement dans l’opposition et ne peut donc pas laisser croire qu’il s’allierait à l’UMP. Or le PS est rejeté par le NPA (Besancenot), dont le score est évalué à 6 % dans le sondage Opinion Way et qui hésite à s’allier avec le Front de gauche, 5 %, et même avec LO (2 %). A droite, un mouvement, Libertas, est crédité de 5,5 %, tandis qu’Europe Écologie réunit 10 % des suffrages. On peut penser que le scrutin a ses spécificités et que l’électorat se prononce aussi en fonction de critères plus européens comme l’environnement ; et peut-être faut-il éviter de faire des projections pour 2012. Il demeure que le choix de Mme Aubry de rester dans son splendide isolement est dangereux pour la suite. Il faudra bien que, tôt ou tard, elle se pose la question d’une alliance avec le MoDem. Si elle la rejette encore aujourd’hui, c’est certes pour des raisons politiques, car le gauchisme apparent du MoDem ne résistera pas à l’épreuve des faits ; mais c’est aussi parce que l’ouverture au centre est une vieille idée de Ségolène Royal : il n’est pas question que Martine Aubry se range sous la bannière de l’ex-candidate.
Les sondages valent ce qu’ils valent, mais on voit bien que ce qui menace le plus ce scrutin, c’est l’abstention qui pourrait atteindre près de 60 %. Il est curieux que l’Europe ne soulève que l’ennui le plus souvent et des passions négatives de temps en temps, alors que le Parlement qui sera issu de cette élection continuera à déterminer la vie quotidienne de plusieurs centaines de millions de personnes. La dernière fois qu’il y a eu un débat national au sujet de l’Europe, c’est à l’occasion du référendum de 2005 (il s’agissait d’entériner le traité européen) auquel les Français ont massivement répondu non. Même l’occasion offerte de ralentir l’intégration européenne, par exemple en votant pour les extrêmes, ne semble pas devoir, cette année, être saisie par l’électorat. Il est surtout préoccupé par la crise économique et financière et ne croit pas que les organismes européens sont utiles au redressement des économies. En attendant, le traité de Lisbonne n’est toujours pas adopté.
Quelques leçons.
Pour autant que les prévisions se vérifient, les leçons nationales que l’on tirera du scrutin seront les suivantes :
-François Bayrou représente désormais une force politique avec laquelle la droite et la gauche devront compter. Les voix qu’il rassemble manqueront à l’UMP et au PS à peu près également.
-Après deux ans d’une gouvernance très contestée, l’UMP s’en sort bien. Il n’y a pas de désaveu populaire, ni au style très particulier de Nicolas Sarkozy ni au contenu de son programme. On peut même dire que, en ce qui concerne les réformes, les Français, en gros, veulent laisser le pouvoir continuer dans cette voie et feront un bilan un peu plus tard. Ce n’est pas un mince résultat.
-Le Parti socialiste, avec un cinquième des voix de l’électorat, n’a pas encore convaincu les Français qu’il représente l’alternative naturelle à la droite au pouvoir, bien que Martine Aubry réussisse progressivement à refaire l’unité du parti. Les choix médiatiques de Ségolène Royal, notamment sa politique d’excuses, semblent l’avoir réléguée au deuxième plan pendant que, en bougonnant, les alliés de l’ancienne candidate font campagne sous la houlette de Mme Aubry.
-En dehors du MoDem, les écologistes font un bon score, mais on ne voit se profiler aucun rassemblement, ni à l’extrême gauche, où Besancenot est soudain moins populaire, ni à l’extrême droite où Jean-Marie Le Pen confime qu’il appartient au passé.
En résumé, l’UMP va bien mieux qu’on n’aurait pu le croire, mais elle est très gênée par le MoDem. Le PS n’a pas tiré avantage des désordres sociaux créés par la politique de réforme. L’électorat, en dépit d’une crise particulièrement sévère, n’a pas de conviction forte.
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