Dans une classification ascendante des espèces vivantes, nous trouvons tout en bas la roche, puis la plante, qui se borne à vivre (« vivit »), l'animal, qui est doté de sens (« sentit »), enfin l'homme, qui comprend, peut établir des rapports (« intelligit »).
C'est ainsi que les plantes seraient, en dépit des idées de Darwin, des créatures n'ayant jamais vraiment évolué, figées à tout jamais dans des formes immuables. Pourtant, ce même Darwin pensait avoir vu en elles les êtres vivants les plus extraordinaires qu'il ait jamais rencontrés et leur confère « une place de premier ordre des vivants ».
Il est vrai que le langage induit une représentation plutôt erronée : les plantes « végètent », réduites à un état dans lequel elles auraient perdu toutes les facultés sensorielles et motrices, un état de vie limité au minimum.
Or, si nous nous imaginons réduits à l'immobilité totale, nous pouvons comprendre qu'il est de la plus haute importance de pouvoir développer une sensorialité extrêmement fine. Déjà, les plantes sont équipées de photorécepteurs d'une grande subtilité. Il n'est pas nécessaire d'avoir un jardin pour savoir que les plantes modifient leur position en fonction de la lumière, possédant donc à la fois vision et réceptivité. D'où une lutte lorsque deux plantes vivent côte à côte et que la plus grande fait de l'ombre à l'autre : se crée alors un mouvement nommé « fuite de l'ombre ». Les auteurs soulignent que ce mouvement est très « coûteux » en tant que dépense énergétique et suppose une sorte de calcul sur l'investissement à réaliser. Ces conduites sont connues depuis la plus haute Antiquité et sont typiques d'actes intelligents.
Lorsqu'elle ne fuit pas vers le haut, la plante se développe vers le bas sous forme de racines, elle est capable de pousser ainsi des milliers d'obstacles, de les tâter et de les contourner. Elle peut aussi sonder les sols pour trouver de l'eau, et c'est le toucher, bien sûr, qui fait qu'en rencontrant un obstacle, la racine l'enveloppe pour parfois le dévorer.
Communication ?
Le rôle des sens est chez l'être humain de véhiculer des significations, inciter, mettre en garde. Les plantes peuvent-elles transmettre de l'information, ce qui implique posséder un système de communication ? Stefano Mancuso fait remarquer que les plantes n'ont pas de nerfs, autrement dit ne possèdent pas les tissus affectés à la transmission électrique. Mais elles ont un système vasculaire complexe, l'équivalent de notre système artériel et veineux. C'est d'ailleurs ici le signe de l'infériorité humaine : sens et fonctions résident dans un seul organe qui, lorsqu'il est détruit, paralyse l'ensemble ; chez les plantes, il y a une intense circulation interne.
S'agit-il pour autant d'une véritable communication ? Les auteurs nous mettent en présence du couple stimuli-réception, ou transport d'eau vers les feuillages, voire sucres produits par la photosynthèse. Rien de tout ceci n'évoque la complexité du langage humain, sa capacité d'abstraction et de jeux. Sans compter son prodigieux talent pour dire des sottises à l'infini.
Stefano Mancuso, Alessandra Viola, « L'Intelligence des plantes », Albin Michel, 240 p., 18 €.
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