A un mois de la prise de fonctions de Donald Trump, le président sortant, Barack Obama, aidé par les révélations de la CIA selon lesquelles des « hackers » russes, téléguidés par les services secrets de Moscou, ont faussé le résultat des élections dans quelques Etats-clés, refuse de passer l'affaire sous silence. Elle acquiert une telle gravité qu'elle semble remettre en question la validité du scrutin. Il est toutefois bien peu probable que M. Trump ne soit pas investi. Le collège des grands électeurs se réunit aujourd'hui pour confirmer sa victoire et les démocrates n'ont pas le temps de prouver les affirmations de la CIA. M. Trump répète à l'envi qu'il n'existe aucune preuve de ce que M. Obama avance, ce qui constitue déjà une faible défense, dans la mesure où il aurait pu plutôt insister sur son honnêteté personnelle, laquelle n'est pas exactement son point fort. Le président sortant dit qu'il est au courant depuis quelques mois puisqu'il a soulevé le problème en septembre dans une conversation avec M. Poutine.
Barack Obama, utilisant ses pouvoirs jusqu'au dernier jour, a exigé de la CIA qu'elle lui remette en mains propres un rapport explicite sur la question avant qu'il quitte la Maison Blanche. Une description détaillée des méthodes russes pourrait donc créer une crise institutionnelle d'autant plus sérieuse que le parti républicain n'approuve pas le rapprochement avec la Russie et souhaite au contraire s'opposer à la diplomatie conquérante de Moscou. Cette crise inattendue ouvre la voie à une série d'hypothèses : la première est que la CIA soit incapable d'apporter les preuves indispensables à un débat de fond. La deuxième est qu'elle y parvienne, posant clairement le problème de la légitimité de l'élection de M. Trump. Pour le nouveau président, ce démarrage constituerait un handicap d'autant plus lourd qu'il passerait son temps à se disculper ou à se justifier au lieu de gouverner. Il est possible qu'il doive alors de désolidariser de l'aide inappropriée qu'il aurait reçue de Moscou et ne soit pas en mesure de mettre en vigueur sa mesure-phare, la nouvelle relation avec la Russie.
Mauvais climat
Il ne faut pas oublier que la nomination des membres du cabinet de M. Trump doit être validée par le Congrès. Or non seulement les républicains ne disposent que d'une majorité de trois voix au Sénat, la chambre qui s'occupe de la politique extérieure, mais nombre de sénateurs sont hostiles à la Russie. Dans ces conditions, il serait logique que la nomination de Rex Tillerson, le P-DG d'Exxon, au secrétariat d'Etat (qui correspond à notre ministère des Affaires étrangères), soit rejetée. En fait, il est facile de trouver une majorité anti-russe au Congrès, entre l'opposition démocrate et ces élus républicains très remontés contre les menées russes au Proche-Orient, comme le sénateur John McCain, qui a récemment traité M. Poutine de « voyou ».
Cette crise, qui ruine le principe de passation pacifique des pouvoirs, une des clés du fonctionnement de la démocratie américaine, survient alors que le malaise né d'une élection compliquée demeure vivace, Hillary Clinton ayant obtenu 2,8 millions de voix populaires de plus que Donald Trump, lequel continue à avoir un effet clivant sur la population. Certes, on voit mal M. Obama inverser le cours naturel des choses, c'est-à-dire provoquer une crise institutionnelle aux conséquences plus graves encore qu'une politique aventureuse, mais M. Trump est assuré de commencer son mandat dans un climat exécrable.
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