FRANÇOIS HOLLANDE a été le seul à dire qu’on ne pouvait pas arrêter les comptes au milieu de l’année et qu’il fallait attendre la fin de 2013 pour calculer le résultat final de nos efforts pour réduire le déficit. Mais ce n’est un mystère pour personne : la baisse d’activité provoquée par la hausse des impôts (et, par conséquent, la réduction de la consommation) diminue les recettes fiscales de plusieurs milliards. Des milliards que l’on ne peut trouver que dans une coupe draconienne dans la dépense publique. La Cour des comptes ne se contente pas de livrer son diagnostic, elle propose le traitement. Jugeant que les impôts sont déjà très élevés (ils atteignent 45 % de la production intérieure brute), elle estime qu’il faut désindexer les retraites, les allocations familiales et les salaires des fonctionnaires, tout en excluant les minima sociaux de cette cure d’austérité.
Le plus intéressant n’est pas le constat alarmant de la Cour, mais la sérénité avec laquelle plusieurs membres du gouvernement l’ont accueilli. Jean-Marc Ayrault a déclaré sans barguigner : « La Cour des comptes a raison »; il a reconnu aussitôt que les rentrées fiscales l’avaient déçu. « Le rapport de la Cour correspond à la réalité », a dit pour sa part le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve. D’une part, le ton de ces propos est très différent de celui de M. Hollande, comme si le président et le gouvernement se partageaient les rôles. D’autre part, le Premier ministre est en contradiction avec lui-même. Quelques jours auparavant, il avait réaffirmé que les engagements de la France seraient tenus ; voilà maintenant qu’il semble en douter. Ou plutôt qu’il prépare les Français à des mesures plus rigoureuses qu’il prendra alors sous la contrainte inéluctable des chiffres : la Cour des comptes estime qu’il va falloir trouver 28 milliards en 2014 et 2015 pour parvenir enfin à un déficit budgétaire égal ou inférieur à 3 %. Cet objectif avait été d’abord prévu pour la fin de 2013 mais a été reporté de deux ans avec l’accord de la commission de Bruxelles, laquelle s’est enfin ralliée au nouveau dogme financier : une politique d’économies drastique empêche la croissance et retarde donc la résorption du déficit public.
Un changement de cap ?
Nous sommes exactement dans ce cas de figure. Le gouvernement, convaincu en 2012 qu’il pouvait redresser les comptes en s’appuyant davantage sur l’instrument de la fiscalité que sur la baisse des dépenses, a affaibli la consommation intérieure, non seulement parce que les gens, criblés d’impôts, ont moins d’argent à dépenser, mais parce que, inquiets d’une crise qui dure depuis cinq ans, ils épargnent pour les mauvais jours. Il est fort peu probable que M. Ayrault diminue les impôts, mais tout laisse penser qu’il va adopter les préconisations de la Cour des comptes et élaguer dans les prestations sociales. Il faut bien reconnaître que le résultat sera le même, à savoir une baisse du pouvoir d’achat. Mais quand la fiscalité est trop élevée, elle déséquilibre l’économie en rabotant les marges destinées à l’investissement. Nous vivons tous au-dessus de nos moyens, même quand nous sommes pauvres : l’État ne paie pas les prestations sociales en fonction des sommes dont il dispose mais en fonction de ce qu’il considère comme une impérative solidarité. De sorte que sur dix euros versés aux bénéficiaires, un au moins est emprunté. Et cela dure depuis presque 40 ans.
L’approbation donnée par le gouvernement à la Cour des comptes correspond à un changement de cap. M. Hollande a toujours défendu l’idée que l’austérité représentait un remède plus nuisible que le mal. Il s’apprête maintenant, plus d’un an après sa victoire électorale, à s’engager dans une maîtrise de la dépense publique qui ne fera que des mécontents. C’est pourquoi il se satisfait du verdict de la Cour, avec l’espoir de se décharger sur elle d’une partie du poids de l’impopularité accrue que les mesures indispensables qu’elle préconise vont sans doute entraîner.
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