Il y a des questions qui de temps en temps vous traversent la tête et qui, faute de temps, sont laissées de côté. Puis elles nous rattrapent et nous mettent un jour au pied du mur. Celle qui est abordée ici, concerne la place dans le monde du travail des personnes plus fragilisées quelle qu’en soit la cause : handicap visible ou invisible, personne sans domicile fixe, sortant de prison, réfugié, etc.
Durant la Semaine européenne des personnes en situation de handicap, de nombreux débats ont été organisés en vue de développer des politiques d’emploi inclusives ; en effet notre société continue de résister aux incitations de toutes sortes pour leur offrir d’autres lendemains que l’exclusion ou l’assistance. Car quel est le lieu essentiel qui peut leur garantir une véritable reconnaissance, sinon celui du travail ? Deux chiffres en disent long sur la ségrégation qui sévit en France : le taux de chômage des personnes en situation de handicap est de 18 %, soit le double de celui de la population ordinaire ; leur taux d’emploi avoisine les 3.5 % dans le secteur privé, et 5.6 % dans le secteur public, et cela en dépit des évolutions sociétales et juridiques.
Professionnels de santé, nous constatons chaque jour les souffrances vécues par ces personnes en situation de handicap, de la même manière que nous sommes témoins de l’isolement de nombreuses personnes âgées. Jusqu’à quand notre société induira-t-elle de telles exclusions, qui sont des dénis de fraternité et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, des pertes d’efficacité ? Car les employeurs qui ont fait le choix d’engager des personnes handicapées, comme le demande la loi, se félicitent d’avoir osé un tel pari. Pour deux raisons principales : d’une part, ces personnes sont remarquables par le sérieux qu’elles mettent à accomplir les tâches demandées ; outre les qualifications qu’elles ont pu obtenir au cours de leur formation, elles font preuve d’un fort investissement au niveau des postes qui leur sont confiés. D’autre part, ces personnes transforment leur milieu de travail et c’est « l’effet secondaire » le plus surprenant ; l’enthousiasme avec lequel elles se joignent aux autres, et développent chez eux des capacités relationnelles nouvelles, est contagieux. De là un véritable changement de regard sur le monde du handicap – qui peut demain nous concerner tous. Leur offrir de vivre dans un « milieu ordinaire » de travail, pourvu que les adaptations et compensations nécessaires y soient apportées, est le plus beau présent à leur faire, car c’est être au plus près de la vie sociale qu’elles ont le même droit que tous de vivre.
Quelques associations-relais (par exemple UP Emploi – Ensemble pour avancer ou Vivre et Travailler Autrement) [1] assurent un accompagnement des personnes pendant quelques semaines avant une recherche d’emploi, histoire de les aider à trouver confiance en elles, leur faire prendre conscience de leurs compétences et favoriser le développement de leurs capacités relationnelles. Ces formations comportent une semaine d’immersion accompagnée par un bénévole en entreprise en vue de la découverte d’un métier, d’une entreprise ou d’un secteur ; elles garantissent enfin un suivi personnalisé et une évaluation afin de réaliser les ajustements nécessaires.
Si le travail est pour nous une occasion d’épanouissement personnel et une possibilité de donner plus de sens à nos vies, il est pour ces personnes une véritable thérapie. L’entreprise qu’est l’officine peut être un lieu de découverte du travail d’équipe, un lieu d’apprentissage vers une plus grande autonomie, comme un lieu de prise de responsabilité. Accueillir une de ces personnes pendant une semaine ou l’embaucher après une période d’essai constitue un véritable acte citoyen témoignant de l’attachement aux valeurs humanistes fondamentales du soin et de la fraternité.
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