Le Quotidien du Pharmacien.- La répartition pharmaceutique alerte depuis plusieurs années sur sa situation économique. Où en êtes-vous ?
Joachim Fausto Ferreira.- La situation économique des répartiteurs ne va pas s’améliorer tant que la rémunération sera connectée au prix du médicament. Dès que les pouvoirs publics veulent encadrer le déficit budgétaire de la Sécurité sociale par une baisse de prix, la répartition est impactée, comme tous les acteurs de la chaîne. Ce n’est malheureusement pas le seul problème. Le générique s’est d’abord développé en France sans passer par la répartition. Pour récupérer ce flux, il a fallu passer des accords spécifiques avec les laboratoires. Nous perdons de la rémunération par rapport au princeps, ce qui est normal, à quoi s’ajoute le fait que la marge du générique n’est pas garantie. L’outil industriel n’est pas adaptable à de telles pertes de marge, car s’il y a bien un bénéfice par boîte, il y a aussi un coût par boîte. La relation entre bénéfice et coût est dans une position dangereuse, d’autant que le générique est plus compliqué dans sa gestion car il y a de nombreux génériques pour un seul princeps. Les répartiteurs ont fait tous les efforts possibles de gains de production et d’efficience, ils ont atteint leurs limites et ne peuvent faire davantage.
L’Autorité de la concurrence a fait ce constat fin 2012, tout comme le rapport de l’IGAS paru en avril dernier. Que proposez-vous concrètement ?
C’est l’Autorité de la concurrence, après avoir identifié le problème, qui a demandé à l’IGAS de réaliser un rapport sur « La distribution en gros du médicament de ville ». La solution proposée par l’IGAS reprend notre demande de déconnecter la rémunération du prix du médicament. La rétribution actuelle n’est plus en phase avec la réalité du service publique et avec les outils industriels développés, de proximité et de grande qualité vers la pharmacie. Si la répartition n’existait pas, chaque officine devrait travailler avec 400 fournisseurs.
Les grossistes-répartiteurs ont développé d’autres activités de services. Cela ne permet-il pas de compenser les pertes de la répartition ?
Nous sommes dans une situation économique fragile, financée par d’autres activités mais qui n’ont pas la dimension pour compenser les pertes de l’activité de répartition. Les annonces de baisses de prix, le PLFSS 2016, ce sont des pressions additionnelles. Les entreprises feront tout pour apporter la même qualité de service, absorber un maximum l’impact des baisses de prix, mais leur capacité a des limites. Nos résultats sont connus et publics, ceux publiés ces dernières années affichent une baisse importante. Je ne veux pas être pessimiste et je veux croire qu’on va trouver des solutions, que des décisions seront prises.
Comment se porte Alliance Healthcare France ?
Alliance Healthcare se porte comme toutes les autres entités du marché. C’est une grande fierté d’appartenir à un groupe devenu leader mondial depuis la fusion avec Walgreen. Alliance Healthcare se différencie de ses concurrents par son offre intégrée : répartition, MAD, marques propres, services propres, réseau de pharmaciens indépendants Alphega. Nous voulons prendre un engagement de qualité avec chaque pharmacie. Par exemple, nous effectuons une révision de l’offre produits de chaque établissement tous les mois après analyse d’un panel de pharmacies, pour que notre offre soit toujours appropriée. Nous renforçons ce dispositif en envoyant à chaque pharmacien, dès le 1er septembre prochain, un rapport mensuel sur la qualité de service de son établissement avec des données chiffrées sur la préparation de commande, la disponibilité des produits, la réactivité face aux appels et aux réclamations.
Est-ce une façon de répondre aux accusations d’opacité des relations commerciales qui sont faites aux répartiteurs, notamment dans le rapport de l’IGAS ?
Je ne pense pas que les relations soient opaques entre Alliance Healthcare et les pharmaciens, elles sont au contraire ouvertes et directes. On édite plus de 99 000 factures par jour, 2,4 millions de factures par mois, pour 10 000 clients pharmaciens. Elles sont toutes documentées avec les produits et les prix, les conditions générales de vente. Pas une pharmacie ne peut dire « je ne peux pas travailler parce que je ne connais pas les prix ». Nous passons des accords avec chaque pharmacie, qui restent privés, et il y a toujours un grand dialogue avec nos clients. Plus qu’une relation commerciale, nous voulons une relation de partenariat. C’est pourquoi nous sommes très engagés dans les sujets de santé publique et la formation des pharmaciens, renforcée par la création cette année de l’entité Alliance Healthcare Formation.
Quels sont les sujets de santé publique sur lesquels vous intervenez ?
Nous avons, par exemple, organisé des tables rondes sur la vaccination en officine. Des activités nouvelles dans un pays ont souvent déjà été mises en place ailleurs, et nous avons cette connaissance parce que le groupe est international. La vaccination à l’officine existe au Portugal, où plus de 25 % de la vaccination antigrippale se fait en pharmacie. Nous avons donc soutenu le débat sur la vaccination, sponsorisé une étude qu’on a partagé avec la profession, etc. Nous faisons une autre opération de ce type sur le VIH, avec des soirées de formation dans les grandes villes françaises, avant l’arrivée des autotests en pharmacie.
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