MAIS quelle mouche a piqué le Dr Michel Legmann, président du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) ? Lors de la présentation de ses vœux à la presse, il a cru bon de se moquer de la possibilité offerte aux officinaux d’accomplir de nouvelles missions de santé publique. « Les pharmaciens veulent passer du conseil à la consultation, derrière leur tiroir-caisse », lance, sur un ton quelque peu ironique, le président du CNOM. Une évolution qu’il juge inadmissible, car, explique le médecin, prendre par exemple la tension artérielle ne peut pas se faire dans n’importe quelles conditions, surtout pas lorsqu’un patient est énervé après avoir attendu un long moment debout « devant le tiroir-caisse du pharmacien ». De même, pour le Dr Legmann, l’évaluation de la glycémie ne peut pas être effectuée dans une pharmacie en piquant le bout du doigt après le petit-déjeuner du matin ou après un repas. L’un de ses confrères, membre du CNOM renchérit : « On peut s’interroger aussi sur les éventuels conflits d’intérêt entre celui qui détecte une possible pathologie et qui va délivrer les produits destinés à combattre la présumée pathologie. »
Une remise en cause du professionnalisme et de l’indépendance des pharmaciens qui soulève un tollé au sein de la profession. La présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot, rappelle ainsi que les officinaux ont été reconnus par la loi comme professionnels de santé de premier recours et que les relations de confiance qu’ils ont tissées quotidiennement avec le public et l’ensemble des professionnels de santé de proximité ne sauraient être mises à mal par une vision « outrancière et hautement dénigrante ». Philippe Gaertner, président de la FSPF, estime pour sa part que les pharmaciens « n’ont aucune leçon à recevoir ni sur l’accès aux soins, ni sur la permanence des soins, ni même sur les actions de prévention ou de dépistage ». De son côté, Gilles Bonnefond, président de l’USPO, déclare que « ces propos sont tellement hors du temps, qu’ils intéresseront peut-être les paléoanthropologues ». Encore plus sévère, Michel Caillaud, président de l’UNPF, lance : « Soit M. Legmann n’est plus digne d’être président du CNOM, soit il a perdu une partie de ses facultés intellectuelles. »
Blessantes, les déclarations du Dr Legmann apparaissent également pour beaucoup injustes. En effet, l’automesure de la tension artérielle en dehors du cabinet médical n’est-elle pas encouragée afin d’éviter l’effet « blouse blanche » ? N’en est-il pas de même des tests de glycémie en officine afin de dépister les milliers de diabétiques qui ignorent leur maladie ? C’est tellement vrai que l’ARS de Provence-Alpes-Côte d’Azur a lancé à la fin de l’année dernière une opération de dépistage du diabète pour laquelle les pharmaciens sont même rémunérés. Le Dr Legmann doit s’en arracher les cheveux.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion