PRINCIPALEMENT financé par des cotisations salariales et patronales, le système de santé allemand a connu de profondes réformes qui lui ont permis de renouer dès 2005 avec l’équilibre financier. Après un léger déficit en 2010, il devrait à nouveau enregistrer, en 2011, un excédent avoisinant les 3 milliards d’euros. Mais cette bonne santé retrouvée l’a été au prix d’une rigueur sans faille, qui touche autant les professionnels que les patients.
En Allemagne, les assurés choisissent librement leurs médecins et leurs professionnels de santé. L’assurance-maladie prend en charge la quasi-totalité des honoraires médicaux et des frais hospitaliers, hormis un forfait trimestriel de 10 euros, ainsi que 90 % des prescriptions de médicaments. Toutefois, les médecins doivent observer, sous peine de sanctions, des protocoles de traitement extrêmement contraignants, et voient leurs honoraires baisser s’ils dépassent un certain volume d’actes. Certes performant, le système pèse par sa lourdeur administrative. Pour retrouver l’équilibre, il a dû non seulement dérembourser de nombreuses prestations, mais aussi augmenter régulièrement les cotisations et les prélèvements. En outre, les assurés ont le choix entre une assurance-maladie « de base » et une assurance « privée » qui leur garantit des prestations plus complètes, mais pour un prix plus élevé.
Une rémunération à l’honoraire.
En matière de pharmacie, l’Allemagne a été l’un des premiers pays à encourager les prescriptions de génériques, d’abord de marque, puis en DCI, les pharmaciens se chargeant des dispensations. Les prix, autrefois libres, sont de plus en plus sévèrement encadrés : même les nouveaux médicaments font l’objet d’un accord « prix/efficacité » avant leur mise sur le marché, ce qui aurait été impensable il y a quelques années encore. Le médicament allemand reste néanmoins l’un des plus chers d’Europe, et subit une TVA à taux plein, de 19 %.
L’assurance-maladie rembourse la plupart des médicaments sur la base d’un forfait par classe thérapeutique. Si le médicament prescrit ou délivré est plus cher que ce dernier, l’assuré paye la différence, en plus des 10 % du ticket modérateur. En outre, les fabricants doivent consentir un rabais obligatoire aux caisses lorsque le médicament est destiné à un assuré social. Cette règle du rabais a été élargie depuis quelques années aux pharmaciens eux-mêmes : ils doivent accorder une ristourne pour chaque boîte délivrée à un assuré. Payés par un honoraire, les pharmaciens doivent, depuis 2009, délivrer les médicaments pour lesquels les caisses ont obtenu les meilleurs rabais. Ils reçoivent tous les trois mois une liste de médicaments, spécialités ou génériques, et remettent aux patients, dans cette liste, ceux qui font l’objet des prix les plus intéressants pour les caisses. Cette opération est très fastidieuse pour les officinaux, qui subissent, de plus, comme dans d’autres pays, la baisse régulière des prescriptions et des ventes de spécialités conseils et sont confrontés à la concurrence des pharmacies virtuelles.
Dégradation économique.
En 2010, les prix des médicaments ont été gelés pour trois ans et les rabais aux caisses payés par l’industrie ont été non seulement fortement augmentés, mais aussi élargis à des gammes de médicaments qui n’y étaient pas soumises auparavant. Les systèmes de forfaits ont été eux aussi étendus à de nouveaux produits, dont les vaccins. En même temps, les rabais payés par les pharmaciens sont passés de 1,75 à 2,05 euros par boîte. Cette politique rigoureuse a porté ses fruits : en 2011, les dépenses de santé ont augmenté de 2,5 % par rapport à l’année précédente, mais les dépenses pharmaceutiques ont baissé de plus de 5 %. Le ministre de la Santé, Daniel Bahr, souligne que c’est « ce plan médicament qui a permis de restaurer aussi rapidement les finances de l’assurance-maladie ». Contributeurs forcés de ce redressement spectaculaire, les pharmaciens l’ont payé par une nette dégradation de leur situation économique, contre laquelle ils protestent énergiquement, mais jusqu’ici avec un succès pour le moins modéré.
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